Dimension Pierre Gévart

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Incontournable dans le monde de la science-fiction française actuelle, Pierre Gévart touche à tout. Auteur de nombreuses nouvelles, d'une bonne trentaine de romans, de poèmes ou de pièces de théâtre, il est surtout connu comme rédacteur en chef de la revue Galaxies depuis 2007, et organisateur des conventions de SF chez lui, à Valenciennes (2006, 2009) ou à Amiens (2014). Il était bon, dès lors, de le présenter en sa qualité d'auteur, par une anthologie de ses meilleures nouvelles : à trop voir l'homme public, on risque d'oublier l'écrivain.

Le recueil présente 29 textes, tous relativement brefs, écrits sous son nom ou sous le nom d'Hugo van Gaert. Pas de fantastique chez Gévart, ni de fantasy, mais de la SF pure et dure, arpentant toutes les thématiques, avec une préférence pour le voyage dans le temps et l'uchronie. Le premier texte est typique. Comment les choses se sont vraiment passées se déroule à Vienne en 1934. Hitler est le chancelier de l'archiduc François-Ferdinand, le tsar Michel règne en Russie avec son premier ministre Kerenski et la France est alliée à l'Allemagne républicaine. Guynemer a réalisé la traversée de l'Atlantique en dirigeable. Avec la complicité d'Einstein, le héros va tenter de supprimer cette guerre atroce (les Japonais ont débarqués aux USA) en revenant au 28 juin 1914... Nouvelle exemplaire, souvent traduite par ailleurs. Autre uchronie brillante, Milioukov à la Loubianka. Gévart a résidé longtemps en Russie et dépeint un pays légèrement décalé, sous Gorbatchev, car c'est un Soviétique qui a foulé le premier le sol lunaire. Milioukov est un écrivain de SF qui a imaginé un monde différent (un acteur de western président des États-Unis !), et se voit convoqué par le KGB. L'interrogatoire est un sommet de pertinence féroce, surtout quand on lira le nom du fonctionnaire. Ce texte à chute est un petit bijou. Hélas, le niveau ne se maintiendra pas à ces sommets, et bon nombre des nouvelles qui suivent, surtout les très brèves, se survolent rapidement. L'humour reste souvent présent, comme dans La dernière libération, histoire de révolte de machines, ou Le prix de l'or, qui rappelle la célèbre « clé laxienne » de Sheckley. Dans le genre SF comique, j'ai adoré Merde, ils ont bougé : de l'importance des premières paroles sur un sol inconnu. Mais Gévart peut être sérieux aussi. En témoigne Souriez, vous êtes filmé, sur l'idée du bonheur imposé. Le tout dernier récit, L'archiviste, est bien choisi. Un bibliothécaire du futur tombe sur des textes anciens non encore numérisés. Ils racontent un... concours de nouvelles de SF en 1999 sur le thème de l'avenir. Mise en abyme qui clôt joliment ce florilège d'une personnalité aux talents multiples.

 

Dimension Pierre Gévart, Rivière Blanche 2014, illustration de Grillon, 209 p., 16 euros.

www.riviereblanche.com

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