De synthèse

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C’est un livre qui est à la limite de la science-fiction. Il aurait très bien pu être publié en littérature « mainstream », puisqu’il s’agit de la narration, par l’héroïne, de son évolution psychologique, qu’on peut aisément qualifier de psychotique, vers une vie hors du monde réel, totalement vouée aux images. Alors même que le récit se passe entre 1970, date de naissance de la narratrice, et 2020, elle a introduit dans son récit des véhicules automatiques, les autonomats, et des androïdes soigneurs à l’hôpital, qu’on peut aisément interpréter comme une vision déformée de notre réalité et une indication supplémentaire de son égocentrisme, de sa certitude péremptoire de posséder la seule vérité et de son mépris pour le reste du genre humain, y compris ses propres parents. Sauf que, d’une certaine façon, sa bulle isolante va être légèrement percée, et elle parviendra, au fur de son récit, à un début d’empathie envers son père et sa mère. Ses amies, par contre, semblent n’avoir été pour elle que des aides, à peine remerciées, à bâtir son univers virtuel restreint, son appartement dans une tour de Montréal et son réseau informatique dont elle espère qu’il survivra aux catastrophes à venir.

 

Le personnage que fait parler Karoline Georges est-il si différent de tant de personnages réels, particulièrement au Japon, aux USA, au Canada, de plus en plus « déconnectés » du monde réel ?

Ce roman est une analyse d’un phénomène réel, une interpolation dans la réalité. Une fiction spéculative, publié dans une collection de SF pour atteindre les lecteurs les plus aptes à la comprendre, mais qui se situe dans les marges entre SF et mainstream qui deviennent, ces temps derniers, de plus en plus fréquentées. Et de plus en plus intéressantes pour le lecteur qui veut réfléchir sur notre monde.

 

Le ton péremptoire, dogmatique et égocentrique de la narratrice est la plus grosse difficulté que j’ai eu à lire ; mais n’est-il pas le sujet essentiel du roman, à relire en profondeur ?

 

De synthèse, de Karoline Georges, Folio SF n°651, 2020, 240 p., couverture d’Aurélien Police, 7,5€, ISBN 978-2-072-87067-5

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