Dans tes veines

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Reprendre un roman publié onze ans plus tôt n’est jamais chose aisée, surtout lorsqu’il est considéré à l’époque comme un renouveau du mythe du vampire. C’est pourtant le pari que fait l’auteure en nous livrant chez Au Diable Vauvert une version qu’elle considère elle-même comme définitive.

Que n’a-t-on pas dit ou écrit sur les vampires d’ailleurs depuis Bram Stoker et son Dracula ? Certains sont brillamment illustrés, je pense à Anne Rice avec Lestat par exemple, mais aussi à George Martin et son Rêve de fèvre.  Plus récemment, nous avons eu droit au Laisse moi entrer de John Ajvide Linqvist. Ici, c’est un vampire contemporain, français qui plus est, qui hante les boites de nuit de la jeunesse bordelaise. L’auteure oscille entre traditionalisme du mythe et modernité avec une facilité déconcertante : nous avons ainsi le passage obligé du pieu, du soleil qui brûle les chairs, du sommeil des vampires, associés à la notion de parasites responsables de l’état de mort-vivant, qui poussent son hôte à consommer toujours plus de sang s’il ne veut pas voir ses forces décliner. Des parasites qui, lors de l’intronisation au statut de vampire, vous obligent à vous débarrasser de tous vos organes internes dans quelques scènes très visuelles et assez gores.

Nous sommes donc à Bordeaux, et tandis que le lieutenant Gustave Baron enquête sur une série de meurtres sordides avec exsanguination, sa fille Lily, partagée entre une mère alcoolique et un père incestueux, délaisse le lycée pour fréquenter les milieux borderline de la nuit girondine. C’est ainsi qu’elle y rencontre Damian, un homme mystérieux au regard hypnotique. Un vampire, certes, mais un peu différent du vampire classique, parce qu’il est sous la coupe d’un enfant, Gabriel, véritable mentor du groupe et d’une cruauté et d’une jalousie sans égales. C’est Gabriel qui a fait Damian, et qui tue systématiquement toutes celles et tous ceux qui pourraient détourner son « grand frère » de sa coupe. Damian, c’est un peu Louis de la Pointe du Lac. Fascinée par cet homme, Lily se met en tête de lui appartenir totalement, au mépris de sa propre existence.

Nous sommes loin, très loin du romantisme de certains ouvrages. Ici, Morgane Caussarieu nous délivre une histoire volontairement crue, violente et quasi cinématographique. Elle ne s’interdit rien, depuis la transformation en créature de la nuit en passant par des scènes orgiaques, que les victimes soient des adultes ou des enfants. Parce qu’ici, nous ne sont pas en présence de Christopher Lee ou de Gary Oldman : les vampires sont des monstres, des créatures dont l’unique but est de séduire pour saigner.    

Je remercie les éditions Au Diable Vauvert pour cette excellente découverte. Une auteure à suivre assurément.

 

Morgane Caussarieu - Dans tes veines - Editions Au diable vauvert, mars 2023, 23€

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