Coma des mortels (Le)

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Qui est Pierre ? Et d’ailleurs, se nomme-t-il vraiment Pierre ? Un rêveur ? Un affabulateur ? Un assassin ? Une chose est certaine, on meurt beaucoup autour de lui. Et rarement de mort naturelle.

 

Le court résumé qui orne la quatrième de couverture du nouveau roman de Maxime Chattam pourrait faire croire que le Coma des mortels est une enquête chattamesque sur les traces d’un tueur comme ceux que l’auteur nous tricote depuis La Trilogie du Mal. Erreur. Une erreur qui n’a d’ailleurs pas échappé à une part du fandom, déstabilisée, voire outrée, de découvrir non pas un « thriller », mais une comédie romantique macabre, une réflexion sur la réalité et la fiction, une étude sur le caractère masculin… Et au final, un mystère qui n’en est pas vraiment un. Cela fait beaucoup pour un public qui, parfois, se laisse facilement enfermer dans ces petites habitudes… Et réagit plutôt mal lorsque ses attentes sont déjouées. Pourtant, depuis la sortie l’année dernière de Que Ta volonté soit faite, l’auteur avait clairement annoncé la couleur. Pas avare, à certaines périodes de communication sur les forums et autres réseaux sociaux, Chattam présentait déjà Le coma des mortels comme un « ancien » roman, repris, démonté, retravaillé et remonté, pour devenir sa première publication de 2016. Mais il n’est de pire sourd que celui qui ne veut entendre… D’où le mini-clash qui s’en est suivi, dès les premières réactions publiées sur internet.

 

Au-delà de cette fausse polémique - puisqu’il est toujours bon de rappeler qu’un auteur a toute liberté de publication et qu’il ne « doit » rien au lecteur - Le coma des mortels est-il un bon roman ? Oui. Et non. Ah aaaah ! Une réponse de Normand par un auteur belge !

Oui, parce qu’il propose une forme, la comédie macabre, qui n’existe que peu dans l’univers francophone. Alors que les Anglo-saxons pratiquent avec allégresse l’humour littéraire dans de nombreux genres, la « littérature » français s’en approche avec circonspection. Polar drôle, fantasy loufoque, science-fiction bidonnante n’ont pas vraiment leur place dans « nos » rayons. Dans le genre, Maxime Chattam frappe fort. Avec un sourire un coin, son personnage balance des horreurs, enquille les vacheries et jette sur le monde un regard délicieusement noir.

Oui, parce que le jeu sur la fiction, la réalité et l’identité de celui qui nous raconte l’histoire est une fois de plus, comme dans Que Ta volonté…  parfaitement maîtrisée. Chattam sait où il va, sait exactement ce qu’il dit et quand il doit le dire. Et cette maîtrise des codes narratifs et son obsession bien connue pour la figure du « mal » transparaissent, même dans les situations les plus cocasses.

Non, parce que le récit est parfois trop long… Il y survient un personnage secondaire, de vieux « sage » dont la présence s’avère rapidement accessoire, voir contre-productive, pour la cohérence du portrait de beau salaud dressé par l’auteur. Un peu comme si, au final, Maxime Chattam avait tout de même voulu nous laisser avec un fin rai de lumière, dans les ténèbres de l’âme humaine. Reste qu’un retour sur les « italiques » présents dans le roman remet tout en question…

Le coma des mortels (titre premier du récit, qui aurait peut-être gagné à être revu ?) reste un roman solide et inattendu et risqué de la part d’un auteur qui pourrait se contenter de « gérer » son fond de commerce.

 

Le coma des mortels, par Maxime Chattam, Éditions Albin Michel

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