Cœurs de rouille

Auteur / Scénariste: 

C’est un monde étrange dans lequel nous plonge Justine Niogret. La Cité dans laquelle se passe le roman n’est en fait rattachée à aucun passé, présent ou futur, malgré l’apparition, à un moment du roman, d’une liste de noms de stations de métro parisien et les automates que les derniers habitants ne savent même plus créer, mais seulement réparer, bien qu’appelés occasionnellement robots ou golems, agolems pour les derniers, ceux qui n’ont aucune conscience, ne reposent sur aucune technologie, même si sont invoquées des perles qui contiendraient la mémoire du robot et des mécanismes d’horlogerie ou de boîte à musique qui donnent un air steampunk au récit.

 

Dans ce monde plus ou moins féérique, nous rencontrons trois personnages : Saxe, le jeune apprenti réparateur qui s’est enfui de son usine quand il a compris qu’il ne serait jamais promu maître réparateur ; Pue-la-Viande, l’un des derniers golems, qui chasse et détruit les agolems pour manger leur mémoire ; et Dresde, l’autre dernier golem, abandonnée par son maître décédé et qui va s’attacher à Saxe qui cherche la sortie de la Cité et la vision du soleil réel...

 

Comme toujours dans un roman, les réactions des personnages, humains ou non humains, ici mécaniques, sont celles que leur prête l’auteur. Mais une fois acceptée la suspension d’incrédulité nécessaire à leur existence, pourquoi pas leur prêter aussi conscience et sentiments ? Et la quête de Saxe et de Dresde est-elle moins vraisemblable que les avanies d’un personnage plus ou moins imaginaire d’un roman qui se prétendrait réaliste, mimétique ?

 

Dans ce conte fantastique et poétique, nous suivons donc la quête, la fuite de nos deux héros poursuivis par le monstrueux Pue-la-viande et confrontés, aussi, à d’autres dangers imprévus.

Il n’y a apparemment pas de sens caché au roman, pas d’anticipation-dystopie ou uchronie, juste un monde étrange, baroque, inattendu. Et une forme de l’amour, loin de toute sexualité...

Parce que, aussi loin de notre réalité que paraisse ce monde, ce sont toujours les sentiments les plus importants, l’amour, la nostalgie de certains passés, l’entraide qu’évoque ce roman.

 

Cœurs de rouille de Justine Niogret, Mnémos collection Hélios n° 99, 2018, 265 p., 8€90, ISBN 978-2-35408-643-5