Chant des glaces (Le)

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Pour un premier roman, celui-ci montre la maitrise des tropes et méthodes « à la mode » : un futur lointain où l’humanité s’est dispersée dans la galaxie, où plusieurs « empires » se partagent l’ensemble des mondes nouveaux selon un mode mi-capitaliste libéral mi-impérialiste ; une planète-bagne où les condamnés extraient les tonnes de glace nécessaires à l’alimentation en eau des planètes les plus riches ; des aventuriers désireux de trouver le trésor qui leur permettra de s’en échapper, des cristaux spéciaux appelés cryels ; des idéalistes désireux de changer le système mais obligés de collaborer avec lui ; et l’affrontement entre l’empire d’Epsilon, où se passe le roman, et celui de Beta, qui veut lui prendre la première place et lui a déjà enlevé la planète Alpha, autrefois appelée Terre, l’origine légendaire de l’espèce humaine. Tout cela raconté selon la construction « moderne » des récits entrecroisés, présentés dans un ordre non chronologique pour obliger le lecteur à reconstituer l’enchainement des faits et lire l’histoire en enquêteur Bourrel, pas en participant.

En bref un roman qui répond parfaitement aux critères actuels de l’écriture de « best-sellers » et de « page-turners », critères hélas efficaces pour nombre d’auteurs connus. Et qui, pour le lecteur ancien que je suis, fournissent un livre qui serait agréable si lu assez vite, mais dans lequel le mieux, c’est-à-dire l’accumulation d’idées, dont hélas aucune n’est totalement nouvelle, aboutit avant la dernière page à un sentiment de lassitude, d’envie d’en finir. La fin du livre comporte, sans l’imposer, l’idée d’une suite à venir, qui pourrait d’ailleurs être intéressante et surprenante, l’arrivée et les aventures des héros principaux sur Alpha...

 

Ce n’est pas parce que, pour le vieux lecteur que je suis, ce livre a provoqué plusieurs fois le sentiment de déjà-vu que les lecteurs actuels connaissent les références, généralement involontaires, auxquelles j’ai été ramené, et pour un lecteur moins blasé que moi ce livre fournira quelques surprises agréables. Aussi ne citerai-je pas lesdits « plagiats par anticipation » lus précédemment. Ni ne demanderai-je, en public du moins, à Jean Krug, s’il les a lus. Disons tout de même que, s’il les a lus et réutilisés, consciemment ou inconsciemment, il ne les a pas trahis, ce qui est une bonne chose.

 

Le chant des glaces, de Jean Krug, Critic, coll. Science-fiction, 2021, 375 p., couverture d’Éric Scala, 22€, ISBN 978-2-37579-188-2

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