Lothar Blues

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Illustrateur / Dessinateur: 


L’Europe de 2050, gérée par les administrations de sa double capitale Bruxbourg (la Commission à Brux, l’Assemblée à Bourg), vit dans une sorte d’hébétude grâce au travail de différentes catégories de robots, parfois accompagnés de travailleurs humains, les tessaristes et au travail forcé de tous les condamnés au travail « solidaire ». La majorité des Européens se contentent de se laisser vivre, disposant des fruits du travail des robots et des machines. Différentes catégories de robots, similis et quasis, ont pris en charge production et gestion de la société. Le héros du roman est Noura M’Salem, artiste renommé d’environnements virtuels. Son père était un psychiatre réputé qui s’était attaqué aux névroses des robots (eh oui, même sans conscience reconnue, les robots ont des dysfonctionnements d’origine mentale) : il a disparu d’une manière suspecte. Sans doute gênait-il certains groupes politiques. Car, bien sûr, les robots sont l’objet d’une lutte permanente entre partisans d’un statu quo sans cesse remis en cause, ceux qui veulent libérer les robots, et ceux qui veulent les faire disparaître. Et Noura, qui vient de rentrer en possession ou en charge de Lothar, le simili qui était autrefois chargé de son éducation, va se trouvé plongé au cœur du conflit...

Depuis (au moins) R. U. R., le problème des relations entre « vrais » humains et humains « artificiels » est loin d’être nouveau. Ici, il est mêlé à la réflexion que porte depuis longtemps Philippe Curval sur l’évolution de la société européenne et le risque de coupure avec le reste du monde. Ou, du point de vue des Européens, l’effacement désiré de ce reste du monde qui ne leur apporterait que des immigrants prédateurs et envieux de la richesse obtenue (ou plutôt volée) par les ex-Maîtres du monde. Auxquels s’ajouteraient, désormais, robots, androïdes et autres machines pensantes si jamais la possession d’une conscience leur était reconnue.

Or le héros va, en recherchant les secrets liés à la disparition de ses parents, remettre en cause l’équilibre instable auquel était provisoirement parvenue la société. Et les projets d’un candidat-dictateur...

Une œuvre riche et nouvelle qui enrichit l’éventail des possibilités sur ces thèmes classiques. Qu’on peut lire et apprécier sans connaître toutes les variantes antérieures du thème, comme je l’ai appréciée avec les souvenirs d’autres textes que j’ai lus.

Lothar blues, par Philippe Curval, Livre de Poche Science-fiction n° 32949, 2013, 544p., couverture photo-montage de Philippe Curval, 8€10, ISBN 978-2-253-16973-4

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