Roman de la Lune (Le)

La passionnante compilation que voilà ! Occasion rêvée de lire des textes fameux mais parfois difficilement trouvables. Oasis de fraîcheur pour tout amateur de science-fiction ancienne, il s’ouvre, après une préface bien documentée de Claude Aziza, par le célèbre texte de Cyrano de Bergerac Les Etats et Empires de la Lune (1657).

Au-delà des nombreuses discussions philosophiques qui l’émaillent, l’ouvrage est passionnant par sa satire des moeurs du temps, annonçant les contes du XVIIIème siècle. La guerre, l’Homme, les âges, tout passe à la moulinette relativisante et grinçante du bretteur-poète. Qui invente de plaisantes choses aussi, comme les villes-nomades ou les livres parlants. Plus tard, un autre auteur français, bien moins illustre, Louis Desnoyers (1805-1868), journaliste ami de Balzac, Hugo ou Dumas, et cofondateur de la « Société des gens de lettres » visant à la protection du droit d’auteur, écrit en 1839 Les Aventures de Robert-Robert, d’où est ici extrait Le Voyage dans la Lune. Fragment très désopilant, il faut l’avouer. Le cousin Laroutine, homme bassement matérialiste et passablement borné, arrive en ballon sur la Lune. C’est l’occasion pour Desnoyers d’écrire une fable philosophique très amusante, où abondent les allusions satiriques. Les épisodes consacrés aux discussions académiques, au faux vin, aux fonctionnaires transparents, à la monarchie ou à la guerre se situent en droite ligne dans la tradition cyranesque, mais aussi dans celle du Voltaire de ’Micromégas’. J’avoue avoir bien ri à sa lecture.

Plus connus sont les textes de Poe (Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall), Jules Verne (De la terre à la lune), ou H.G.Wells (Les premiers hommes dans la Lune). Mais il est toujours gai de relire ces textes fondamentaux, et de s’émerveiller des prospectives de Verne, ou du pouvoir évocateur et de la pertinence sociale de Wells. Les luniens de Pierre Boulle, partie du recueil « E=mc² » paru en 1957, fait plaisamment écho à cette période de Guerre froide que connaissait le monde à cette époque.

Le livre se clôt par un ’dossier’ comprenant quelques feuillets lunaires historiques de Lucien de Samosate (oui, de la fameuse Histoire véritable) premier ouvrage de SF de l’Histoire, de Kepler, Godwin, Fontenelle et, last but not least, le fameux passage de l’acte III de la pièce de Rostand dans lequel Cyrano évoque les sept moyens de parvenir à la Lune.

Comme vous le remarquez, voici un petit pavé très agréable à lire. D’abord pour redécouvrir des oeuvres célèbres mais jamais assez parcourues, mais aussi pour s’émerveiller d’ auteurs moins connus à qui prit également la fantaisie d’explorer notre satellite, pour notre plus grand plaisir.

Le roman de la lune, présenté par Claude Aziza, Omnibus