Fenêtre jaune (La)

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Le dernier roman de Serge Brussolo - l’homme qui écrit plus vite que son ombre ! - s’est vu estampillé de la mention « Thriller » par le Livre de Poche, alors qu’il s’agit en vérité d’un pur récit de science-fiction. Si le livre est jalonné de moments haletants, durant lesquels l’action prend le pas sur les concepts développés, il n’en reste pas moins qu’il trouvera plus aisément sa place sur les rayonnages de votre bibliothèque aux côtés des œuvres complètes de Robert Heinlein qu’à proximité de celles de Robert Ludlum.

« La Fenêtre Jaune » est un roman en deux temps. Proche d’un épisode des « X-Files » dans sa première partie, il se métamorphose soudain en un récit plus « brussolien » dans la seconde. Ce n’est qu’alors en effet que l’auteur lâche la bride à son imagination si fertile, pour nous donner un de ces mondes clos aux règles aussi bizarres que cohérentes dont il a le secret.


L’action débute dans un désert californien, sur le territoire d’une réserve indienne où se déroulent d’étranges événements. Cassie, l’héroïne du récit, se rend en ce lieu afin de retrouver son frère Hellwood et son fiancé Nathan, qui manquent à l’appel depuis de trop nombreux mois. Pas de nouvelles, silence radio. Bien que sa profession – auteur de romans pour la jeunesse – ne la destine pas a priori à devenir une enquêteuse hors paire, elle décide cependant de suivre leur piste, dans l’espoir de comprendre ce qui a bien pu leur advenir. Elle découvre rapidement une piste d’envol de l’armée de l’air, laissée à l’abandon, surveillée par un hurluberlu convaincu qu’à cet endroit une mystérieuse fenêtre jaune apparaît à intervalles réguliers et permet, si on s’y engouffre, de basculer dans une dimension parallèle. D’ailleurs, il ne tarde pas à lui présenter diverses preuves de ses dires : de multiples reliques échappées de ce monde mystérieux, voire des cadavres d’un grand âge tombés sur la piste lors du passage de la fenêtre, engoncés dans d’étranges combinaisons. Il lui explique également que ceux qu’elle recherche ont effectué le grand saut en direction de cet outre-monde fabuleux. Nathan seul en est revenu - mais en piteux état.

Balayant de côté ses appréhensions, Cassie décide elle aussi de tenter sa chance afin d’aller retrouver son frère. Elle parvient in extremis à pénétrer dans ce qui s’avère être une nef gigantesque parcourant le monde à vitesse supraluminique depuis 1948. Ce déplacement hallucinant maintient les passagers dans une éternelle jeunesse, et plonge ainsi ce monde clos dans une torpeur permanente. Ce qui semble de prime abord constituer un Paradis de substitution se révèle pourtant bientôt hanté par d’inquiétantes entités qui n’hésitent pas à s’attaquer aux passagers trop téméraires…

Inutile d’en révéler davantage, cela gâcherait le plaisir de lecture qui découle des révélations successives opérées au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. Qu’il suffise de dire que comme à son habitude, Brussolo nous offre là un univers prêt à déguster, constellé d’éclairs d’inventivité comme peu d’auteurs sont à même de nous en donner. Alors certes, les personnages ne sont peut-être la profondeur psychologique que l’on pourrait souhaiter (quoique…) et la progression du récit boitille de-ci, de là. Il n’en reste pas moins que l’on ne peut qu’admirer l’inépuisable créativité de ce faiseur de mondes, toujours capable de provoquer le décalage nécessaire à l’élaboration de ses récits déjantés.

Pour résumer, « La Fenêtre Jaune » n’est peut-être pas le meilleur des romans de Brussolo, mais il se laisse pourtant dévorer à une vitesse qui, si elle n’est pas supraluminique, n’en est pas moins ébouriffante.

Serge Brussolo, La Fenêtre Jaune, Le Livre de Poche n°37206, 284 p.

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Commentaires

livre fort sympathique, j’ai beaucoup apprécié la seconde partie (dans la nef) moins la première. Je trouve notamment un peu "rudimentaire" l’idée des objets transformés en or. Globalement, très bon livre quand même.