BOUSQUET Charlotte 02

Auteur / Scénariste: 

Comment t’est venue l’idée d’écrire ce roman ?

En discutant avec Guillaume Lebeau, le directeur de la collection Thriller, qui souhaitait que je développe une intrigue autour de plusieurs héroïnes, ce qui m’a permis d’esquisser les personnages principaux, d’abord. Ensuite, en me baladant un soir à Berlin, du côté d’Oranienburgerstrasse, où il y a énormément de jeunes prostituées - filles de l’Est, grandes, jolies, vingt ans à peine, un regard terne et vide. Il y a eu cette série, aussi : Matriochki, dont je n’ai vu que deux épisodes, mais qui m’a bouleversée. Dès lors, les graines étaient semées. Il m’a suffi de me renseigner, de lire, de compulser des dossiers...


Pourquoi avoir choisi de mettre en scène une Rom ?

Parce que j’en ai assez de voir ces populations stigmatisées, pointées du doigt, expulsées, traitées comme des moins que rien, des non-citoyens européens alors qu’ils le sont, des sous-humains. Quand j’ai écrit Proie idéale, c’était en pleine hystérie raciste anti-rom du précédent gouvernement - force est de constater que cela n’a pas beaucoup changé avec celui-ci...
Alors, bien sûr, je ne suis pas Rom et je véhicule certainement des stéréotypes (enfin, pas trop j’espère), mais avec Ljuba, j’espère en faire voler certains en éclats. Et, au-delà de cela, Ljuba est une déracinée, qui, avant l’expulsion de sa famille, était déjà en rébellion et s’était enfuie loin des siens. Elle n’est chez elle nulle part et doit apprendre à faire avec. C’était aussi ce qui m’intéressait avec elle. Comment se construire quand on vous ôte tous vos repères ? Comment se construire face à des gens qui vous rangent dans des petites cases sans même prendre en compte le fait qu’avant de vous juger, il aurait peut-être fallu vous laisser le temps de respirer ? Ou simplement, vous aider ?

Le monde de la mode et d’internet est-il aussi noir que dans ton roman ?

Le monde de la mode est très survolé, dans Proie idéale. Mais non, ce n’est pas une partie de plaisir et il ne faut pas chercher bien loin pour se rendre compte que derrière les paillettes et les défilés, il y a beaucoup de larmes, de coke et de vies brisées. Quant aux réseaux de criminalité Internet, ils existent, sont même assez présents pour faire l’objet d’un grand nombre de films (et d’épisodes de séries) et, dans la vraie vie, assez alarmants pour qu’Interpol ait créé une branche spécialisée dans la traque des cybercriminels - en particulier ceux qui s’attaquent aux enfants.

Y aura-t-il une suite aux aventures de Ljuba et Cam ?

C’est prévu, en effet, mais je ne sais pas encore quand je pourrai l’écrire.

Ecrire un roman pour adolescents demande-t-il des contraintes particulières ?

Développer l’art de l’esquive, du non-dit, de l’ellipse. Mais sinon, je ne me sens pas particulièrement contrainte dans mon écriture, pas plus que dans le fond d’ailleurs. Quand je vais trop loin, mes éditeurs sont là pour me le dire - et si je ne suis pas d’accord, on en discute.

Tes projets ?

Une trilogie, quasi-terminée, pour les 12/13 ans aux éditions Gulf stream : Lune et l’Ombre, une romance top secrète aux éditions Rageot, un roman chez Milady romance, deux BD, une histoire de chevaux et le reste est encore top secret !

Critique ici

Interview du directeur de collection, Guillaume Lebeau ici

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