BERLANDA Thierry 01

J'ai eu la chance de pouvoir faire une interview de Thierry Berlanda, auteur chez LA BOURDONNAYE EDITIONS.

Je vous invite à découvrir un peu plus le monde de cet auteur.

 

Pouvez-vous me parler un peu de vous ?

Je suis un type très ordinaire, mais qui fais des choses plutôt extraordinaires, comme écrire des romans, donner des conférences de philosophie, parfois même écrire des chansons. J’aime cette diversité : elle est ma marque de fabrique. 

 

Comment êtes-vous devenu écrivain ?

On devient écrivain, je crois, en laissant s’accomplir en nous ce qu’on a coutume d’appeler une vocation. Et c’est quoi, cette vocation ? Se sentir la force nécessaire pour agir dans une certaine direction. La mienne, c’est écrire. 

 

Qui vous donné le goût de la lecture ? 

Ce sont d’abord les écrivains qui donnent ce goût. Ca peut aussi être les parents, mais les miens n’étaient pas férus de lecture, ou des professeurs, ou d’autres adultes de votre entourage lorsqu’on est enfant. Disons que lorsque j’ai été en âge d’avoir des professeurs, au collège, je lisais déjà et depuis longtemps.

 

Comment vous est venue l’idée d’écrire des thrillers ? Et plus particulièrement « L’insigne du boiteux » ?

J’écris des thrillers (pas seulement des thrillers, loin de là) pour essayer de faire apparaître ce que l’humanité a de meilleur, par contraste avec le pire que j’en montre. 

Pour L’Insigne du boiteux, c’est particulièrement le thème de « l’enfant trouvé », que j’avais découvert il y a longtemps dans un essai de Marthe Robert (En haine du roman, une étude sur Flaubert), qui a été l’étincelle. Ce sentiment qu’éprouvent certains enfants en situation de conflit ou de dépit vis-à-vis de leurs parents, et qui les conduit à imaginer qu’ils sont nés dans une famille royale, dans un palais, puis qu’ils ont été enlevés par les soi-disant imposteurs qui se prétendent leurs parents. Dans La vie est un long fleuve tranquille, le film de Chatiliez, c’est aussi ce thème qui est traité, mais sur le mode comique. La différence avec le Prince, c’est que lui est vraiment un Prince. Et c’est encore pire d’être empêché de l’être lorsqu’on l’est vraiment, que de se faire croire qu’on l’est alors qu’on ne l’est pas. C’est en tout cas l’idée que je développe dans mon roman.

 

Qu’est-ce qui a été le plus dur à l’élaboration du roman ? (les idées, les illustrations, l’éditeur …)

Rien de tout cela n’a été dur. La Bourdonnaye, en la personne de Laurent Bettoni, son directeur littéraire, a décidé de publier L’Insigne du boiteux quelques jours ou semaines après l’avoir reçu. Je ne l’ai envoyé à aucun autre éditeur, parce que j’avais été séduit par la profession de foi de cet éditeur là. J’ajoute que je ne regrette pas du tout mon choix (ni lui le sien, je crois…), parce que c’est une maison qui regorge de projets ambitieux et extrêmement prometteurs. Et puis l’équipe La Bourdonnaye est composée de gens qui sont maintenant devenus des amis.

Quant aux idées, je ne peux pas dire que ce soit dur non plus : en avoir est vraiment ce qu’il y a de plus simple et naturel chez moi.

Ce qui est le plus dur, quand on écrit, ce n’est finalement rien de tout cela : c’est plutôt parvenir à écrire un roman qui vous étonne vous-même. Le juge le plus sévère de mes romans, c’est sans doute moi, vous savez… Globalement, les autres lecteurs sont vachement gentils comparés à moi…

 

Qui est le créateur des illustrations sur votre livre ?

Les illustrations sont confiées à une professionnelle, Anne Chevalier. Je ne souhaite absolument pas me mêler de son travail (qu’elle fait d’ailleurs très bien). Moi, mon job, c’est écrire des livres, rien d’autre.

 

Quelles ont été vos sources d’inspirations ? (une musique, un film, un auteur …)

Je suis habité par des romans, des musiques, des ouvrages philosophiques, des films ou des peintures qui m’ont marqué. Comme tous les auteurs, sans doute… Pêle-mêle, mes grandes références sont Dostoïevski, Homère, Rimbaud, Picasso, Michel Henry, Bach, Bob Dylan... J’aurai pu vous en citer cinquante autres, qui à des titres divers composent le monde, ou en tout cas le village, où je vis. Le matin, je rencontre Edgar Poe au saut du lit, puis Dali qui a tendu sa toile sur la place principale, Kandinsky et Robert Empain devisent à quelques pas, Brassens trinque avec Cassavetes, puis les deux accueillent Jane Austen pour le déjeuner. Et le soir, je monte rejoindre Balzac pour échanger quelques idées avec lui en compagnie d’Orson Wells… Pas mal, non ?

Mais mon inspiration, elle, mon énergie, ma puissance d’agir (s’il en est), ne me viennent que de la vie, de ce don d’elle-même qu’elle me fait à chaque instant et dont j’essaie de faire quelque chose de bien, par gratitude à son égard.

 

Le mythe de la page blanche existe-t-il vraiment ?

Disons que chaque fois que je termine d’écrire un livre que je trouve réussi, je me demande si je serai fichu d’en écrire un autre du même tonneau, ou même meilleur. Le talent n’est pas éternel. Le jour où vous ne le méritez plus parce que vous l’avez trahi, par exemple, en l’utilisant à faire des livres indignes, alors il se tire et vous ne le revoyez plus jamais… Il peut aussi arriver qu’il se fatigue de vous, pour quelques temps ou… pour toujours. C’est un peu angoissant (ça l’est même beaucoup), mais il faut en accepter le principe : un écrivain n’est pas le véritable maître de son propre jeu…

 

Combien de temps faut-il pour écrire un roman de ce style ?

Un jour, alors que Picasso était à la terrasse d’un  troquet, passe une admiratrice qui le prie de lui faire un petit crobar sur un coin de nappe en papier. Picasso s’exécute gentiment. « Ô merci, dit la femme. Combien vous dois-je, maestro ? ». Picasso réfléchit un instant et lui répond : « Mille dollars ».  « Mille dollars, s’exclame l’admiratrice ! Mais vous n’avez mis que 10 secondes pour faire ce dessin ! ». Et Picasso de répondre : « Non madame, j’ai mis 80 ans ». Pour un écrivain, c’est la même chose. J’ai mis 50 ans à écrire L’Insigne du boiteux. Le rédiger, en revanche, ne m’a pris qu’environ 6 mois.

 

Est-ce que le tome 2 « La fureur du prince » a été plus difficile à écrire que le tome 1 ?

Non, j’étais à l’hôpital, à l’isolement pendant un mois à cause d’une infection contractée sur place au cours d’un examen… J’avais tout le temps pour écrire et ne pouvais faire que cela : le rêve ! Donc j’ai pu facilement boucler ce second tome dans le délai prévu.

Sur le fond, je dois dire que j’étais tellement content de retrouver mes personnages et de les embarquer dans de nouvelles aventures, qu’écrire La fureur du prince a vraiment été un plaisir de bout en bout, même si certaines scènes, quand j’y pense, me font encore un peu froid dans le dos. Pensez que je suis incapable d’écraser une mouche et que je suis végétarien…

 

La sortie du 3ème tome est prévue pour quelle date ?

Ce troisième et dernier volet sortira en 2016, c’est la seule information que je puisse vous donner… parce que c’est la seule que je détienne.

 

Pouvez-vous nous donner un petit extrait ?

D’accord Jennifer, mais ça peut encore bouger. C’est vraiment une ébauche. J’entrouvre juste un peu la porte de l’atelier… 

 

Le divisionnaire a longtemps hésité à faire à Bareuil les honneurs du nouveau siège de la PJ, boulevard des Batignolles. Il y a d’ailleurs renoncé, préférant le recevoir dans un café non loin de là. Ne pas faire jaser ses subordonnés sur le revirement de leur patron, éviter donc d’achever de les démobiliser après le dernier coup dur qui leur tombe sur le crâne, telle est la priorité de Calvet.

- Vous êtes en avance, monsieur le professeur. Merci.

Bareuil esquisse un petit mouvement de tête en rempochant sa fiole de whisky.

Calvet s’assoit face à lui en se tassant difficilement dans le trop petit espace que son vis-à-vis s’est amusé à lui ménager entre la table et un porte-manteau surchargé.

- Fichu temps, hein !

- Vous ne parlez pas de la météo, je présume.

Les deux demeurent silencieux un moment. Leur inimitié est aussi perceptible que le parfum bon marché dont leur voisine de banquette vient de s’asperger.

Calvet rompt la glace le premier. Après tout, c’est moi qui suis demandeur de ce foutu rendez-vous !

- Il ne méritait pas ça, hein ?

- Personne ne mérite jamais rien, commissaire. Le hasard distribue ses coups à l’aveugle, les bons comme les mauvais.

- Acceptez-vous de m’aider ?

- Pourquoi le ferais-je ? Je n’oublie pas que vous passiez votre temps à me pousser dehors, à l’époque où Falier m’associait à ses enquêtes les plus tordues…

 

Un petit mot pour vos futurs lecteurs ?

Votre nombre a beaucoup grandi ces derniers temps, mais la gratitude que j’ai pour chacun de vous n’en a pas été divisée pour autant. Jeanne vous embrasse.

 

Vous pouvez retrouver mon avis sur L'insigne du boiteux  et également sur La fureur du prince.

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