Au boulot les robots

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Voilà un volume qui mérite deux critiques, l’une de présentation, l’autre pour exprimer mes réserves. La seconde ira sur mon blog personnel sous le titre Les limites de la narration en littérature et portera sur le problème des narrateurs de romans ou de nouvelles, particulièrement quand l’auteur choisit comme narrateur de l’histoire un personnage non humain, par exemple un robot ou une IA. Parce que plusieurs des nouvelles que comporte ce volume sont racontées par un personnage de ce type, et cela m’a posé un problème, qui est en fait général dans toutes les fictions, même mainstream, mais particulièrement prégnant dès que le narrateur est supposé être une machine consciente : qu’est-ce que l’auteur peut savoir de la conscience du monde, de la réalité et d’elle-même que pourrait avoir, demain, une machine « pensante » ? Plus grave, au moins un des théoriciens qui commentent ces nouvelles et leur rapport avec les recherches de prospective des différents instituts associés à ce recueil a paru faire la confusion entre un résultat expérimental susceptible d’être obtenu dans le futur et cette expérience de pensée qui n’a, en fait, rien d’expérimental, mais n’est qu’un résultat d’imagination…

 

Mais, malgré ce problème, le volume comporte un certain nombre de réflexions et d’interrogations sur ce que pourrait être le monde du travail futur après le développement de l’usage des robots, des « intelligences artificielles » si mal nommées en fait et de ce qu’on commence à appeler des cobots, des robots collaboratifs… Et plus que les réflexions, malgré tout assez limitées, des différents instituts de recherche prospective sur les possibilités imaginées par les auteurs de SF, ce sont les différentes nouvelles, dont deux antérieures au projet du livre, une nouvelle de Fritz Leiber datant de 1953, Un mauvais jour pour les ventes, trad. Laurent Queyssi, et une de Sylvie Denis, de 1997, Cap Tchernobyl. Après ces entrées dans le sujet, Johan Héliot, Alex Nicolavitch, Ketty Stewart, Saul Pandelakis, Pierre Bordage, Floriane Soulas, nous proposent un certain nombre de nouvelles d’imagination qui, souvent, sortent du sujet annoncé en nous proposant des problèmes de psyhumaine face à l’usage qu’on pourrait presque appeler médical des robots et « IA », et Fabrice Colin et Benoît Grasser, Alexandre Publié, Ketty Stewart, réfléchissent plus sur comment analyser et traiter littérairement les problèmes liés à la robotique que sur les dits problèmes. C’est un livre intéressant, mais à lire comme une présentation de la réflexion sur les robots et non comme une réflexion directe… Il s’inscrit dans une suite de livres sur le sujet, aussi faut-il le prendre au second degré.

 

Au boulot les robots, anthologie de Stéphanie Nicot et Jean-François Stich, Actu SF, coll. 3 souhaits, 2024, 257 p., couverture de Camille Ollagnier, 19,90€, ISBN 978-2-37686-667-1

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