Anatomik
Le parcours du combattant
Cela fait plus de quarante ans que Serge Brussolo publie, sous son nom ou sous un pseudonyme, – cela ne nous rajeunit pas. On se rappelle qu’il a obtenu un Grand-prix de la science-fiction française en 1979 pour la nouvelle Funnyway, publiée dans l’anthologie Futurs au présent de Philippe Curval. Alternant entre Denoël et la collection Anticipation de Fleuve noir, il obtient aussi avec Les semeurs d’abîme le prix Apollo en 1984. Brussolo, qui s’est tourné aussi vers le fantastique et le roman policier, traite dans ses fictions du corps humain et de ses transformations, généralement dans des sociétés elles-mêmes en voie d’effondrement. Chers lecteurs, Serge n’a pas changé, vous allez le voir avec Anatomik !
L’apocalypse comme si vous y étiez
Après une guerre désastreuse contre les cartels de la drogue, l’Amérique est devenue un pays de drogués contents d’eux-mêmes : un comble pour le vétéran Chuck Ozzborn qui a vu sa fille Peggy Lee le quitter pour la côte Est. Mais voilà, les choses changent : le pays est envahi par des spectres réveillés de leur sommeil au cimetière par d’étranges éclairs, sans que cela inquiète trop la société. On finit même par utiliser certains de ces spectres comme le dénommé Kurt Angströmm, un grand espion. Dans son Montana natal, Chuck voit ces spectres investir les corps d’êtres vivants et les posséder littéralement… Sa fille est devenue programmatrice de spectres chez Anatomik, qui est aussi l’employeur de Kurt Angströmm. On décide d’envoyer Peggy Lee et Kurt dans le Montana et ils ne tardent pas à retrouver Chuck. La réalité qu’ils vont découvrir est la suivante : la Terre est menacée par une invasion extraterrestre ! Pour ces aliens, posséder la population par les âmes des morts est une première étape. Chuck aurait aimé une retraite plus paisible…
Jeu de massacre
Avec Anatomik, on retrouve dans un premier temps Brussolo au meilleur de sa forme avec sa description d’un monde en plein effondrement, avec une population plongée dans l’apathie des drogues. Le roman est aussi un véritable jeu de massacre où l’armée, la religion, la famille, toute notre chère humanité en somme, en prennent pour leur grade. Et les aliens qui nous conquerront ne sont pas ceux qu’on croit (non, je ne spoilerai pas !)… Au fond, nous sommes face à un vrai roman punk et c’est tant mieux.
Serge Brussolo, Anatomik, Bragelonne, illustration de Mickaël Bourgouin, novembre 2019, 448 pages, 16,90 €