Adjacent (L’)

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Un auteur difficile à cerner

Parle d’un nouveau roman de Christopher Priest est un défi pour le critique (toujours pressé, trop pressé) ! Chacun de ses livres ressemble à un diamant à plusieurs facettes dont on saisit un aspect différent à chaque lecture (oui, ami lecteur, cet auteur se relit et se relit bien). Reste qu’avec L’adjacent, Christopher Priest a certainement voulu proposer un roman-somme de son œuvre, où toutes ses obsessions affleurent, où trois histoires se rejoignent, s’alimentent mutuellement, sans compter les échos de ses précédents romans ou nouvelles (comme La séparation ou L’archipel du rêve).

 

Un roman touffu

Tibor Tarent, photographe de son état, rentre d’Anatolie. Il vient de perdre sa femme Mélanie dans un attentat très étrange : elle a été complètement anéantie et il ne restait d’elle qu’un cratère noir et triangulaire. Tibor arrive en république islamique de Grande-Bretagne où un attentat a eu lieu le 10 mai à Londres, faisant cent mille morts. Et ne laissant là aussi comme trace qu’un cratère triangulaire. Tibor est interrogé par les services secrets et est traîné de base secrète en base secrète… La Grande-Bretagne, un des seuls îlots de stabilité dans un monde en pleine tourmente climatique, est-elle sur le point de sombrer ? On bascule alors à l’époque de la Grande Guerre où un illusionniste nommé Trent est engagé par l’armée britannique (à l’instigation d’un certain Churchill) pour trouver un moyen de camoufler les avions. Il y rencontre H. G. Wells.

 

On rejoint ensuite le monde contemporain où une journaliste nommée Jane Flockhart raconte sa rencontre avec un scientifique nommé Thijs Rietveld, inventeur du curieux concept de l’adjacence, avant son suicide : l’adjacence est devenu depuis une arme de dissuasion, ce que n’a pas pu supporter le scientifique. Le lecteur se retrouve ensuite projeté dans la Seconde Guerre mondiale où un jeune mécanicien, Michael Torrance, raconte sa rencontre avec une jeune Polonaise nommée Krystina Roszca. Il en tombe amoureux mais rien ne se passe car celle-ci reste fidèle au souvenir de son prince charmant, Tomasz, resté en Pologne…

 

Comme un diamant

Difficile de résumer de pareilles histoires où des univers qu’on qualifierait bien de parallèles unissent via l’adjacence, phénomène physique qui se retrouve dans toutes les parties du roman, deux personnages, une femme et un homme, dont les prénoms s’enchâssent les uns sur les autres. Mélanie, Malina, Malinn sont à chaque fois la même femme pour Tibor/Tomak/Tomasz. Ici les personnages se répondent, comme dans un miroir et l’ouvrage répond lui-même, comme on l’a dit, aux autres œuvres de Priest : on retrouve par exemple l’aviateur Sawyer, issu de La séparation, et tout l’univers de L’archipel du rêve. Sans compter H.G.Wells, un des auteurs préférés de Priest qui l’avait déjà mis en scène dans La machine à explorer l’espace. L’adjacent démontre la puissance littéraire de Priest (pour ceux qui l’ignoreraient) et mérite d’être lu et relu, avec les autres livres de l’auteur à côté. Chaudement recommandé.

 

Christopher Priest, L’adjacent, ISBN 978-2-207-11813-9, traduit de l’anglais par Michelle Charrier, Denoël Lunes d’encre, avril 2015, 557 pages, 24,90 €

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