Reines et Dragons

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Quatrième volume d’une belle série consacrée à la fantasy française qui, on le sait déjà, tient parfaitement la route par rapport à l’aînée anglo-saxonne.


Après Rois et capitaines, Magiciennes et sorciers et Victimes et bourreaux, voici donc Reines et dragons, peut-être le thème le plus propre aux fantasmes : qu’y a-t-il en effet de plus excitant pour l’imagination du lecteur qu’une reine et… un dragon, depuis Persée et Andromède… ? Bref, voici une anthologie sur ce thème fabuleux, et qui tient ses promesses. Après avoir apprécié la lecture de la jolie préface des deux anthologistes, le lecteur découvrira des merveilles parmi les douze nouvelles retenues, toutes centrées sur les relations, troubles ou enamourées, de la reine admirable et du dragon redoutable. A moins que ce ne soit la femme qui soit redoutable et le reptile, admirable. Roméo et Juliette se voient lancés dans le mythe. On pourrait commencer par Bordage : « Il arriva aux oreilles de Hoguilde, la reine vierge, que le dragon combattu par ses ancêtres était de retour ». Et nous voilà partis, avec Morflam, pour un de ces textes palpitants dont l’auteur a le secret, un joyau du recueil. La nouvelle qui suit immédiatement, Azr’Khila, de Charlotte Bousquet, très différente et plutôt gore, démontre la richesse du choix des anthologistes. La douceur de Nathalie Dau dans Cet oeil brillant qui la fixait, relatant la métamorphose progressive d’une femme en dragon, contraste ainsi avec la violence d’Adrien Thomas : dans Ophéa, pour épouser la reine veuve, il faut tuer le dragon qui a tué le Roi. Mais qui est vraiment la reine veuve ? Très beau texte d’un jeune plus que prometteur. Contraste encore entre le quasi incompréhensible Under a lilac tree de Mathieu Gaborit, dans lequel il s’agit de sauver un mystérieux naufragé de la banquise, récit aux superbes images oniriques, et le très sentimental Les soeurs de la Tarasque de Mélanie Fazi, probablement le texte le plus touchant de l’ouvrage, bien dans le style romantique et ultra sensible de son auteur.

Violence encore avec la nouvelle de Vincent Gessler, Où vont les reines, autre perle du recueil : elle raconte comment la fille de la Reine, enceinte, doit par tradition s’installer chez les dragons, assister à leurs pontes et découvrir le mensonge séculaire sur lequel repose le pouvoir de sa dynastie. Mais le plus beau parmi tous ces contes est peut-être celui d’Erik Wietzel, Le Monstre de Westerham. On y croise une reine en fuite et un dragon paresseux jaloux des succès guerriers de sa sœur. Ces deux êtres si différents se rencontreront, sympathiseront mais… l’issue sera tragique. Superbe.

Une gerbe de textes flamboyants, à l’image de la couverture grandiose de Kerem Beyit, remarquable chef-d’œuvre d’art fantastique. Espérons la continuation de ces rencontres de fantasy francophone !

Sylvie Miller et Lionel Davoust présentent « REINES ET DRAGONS », Editions Mnémos, Saint-Laurent d’Oingt, 2012, 204 p., 18 euros.

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