Enfants de Masterton (Les)

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L’anthologie présentée par Marc Bailly chez Rivière Blanche reprend neuf nouvelles fantastiques qui ont remporté le prix Masterton. Le prix a été créé en 2000 par Marc Bailly et est décerné chaque année par un jury de professionnels francophones de la littérature. Le prix est attribué à trois catégories distinctes : un roman francophone, un roman étranger traduit en français et une nouvelle.

Personnellement, je n’ai pas lu le moindre livre de Graham Masterton. Cette anthologie est donc pour moi une occasion de me familiariser au genre de prédilection de cet auteur. On peut voir cette anthologie de nouvelles comme un hommage à l’auteur. Et le fait qu’on n’y trouve que les gagnants de chaque année est un gage de qualité. La lecture des différents textes m’a agréablement surpris, dans le sens où il n’y a aucune nouvelle qui n’a pas sa place dans ce livre. Le sommaire est le suivant :

Préface de Graham Masterton

Présentation du Prix Masterton par Marc Bailly

Michel Pagel : La Roche aux Fras

Anne Duguël (Gudule) : Cadavres Exquis

Sylvie Miller : Un choix réfléchi

Armand Cabasson : Dragons, Renards et Papillons

Francis Berthelot : Le Serpent à Collerette

Michel Rozenberg : Les Maléfices du Temps

Sylvie Miller & Philippe Ward : Le survivant

Mélanie Fazi : Notre-Dame aux Écailles

Richard D. Nolane : Séparation de corps

Avec La roche au Fras, on nous emmène sur l’ile d’Yeu lors d’une tempête. On y découvre des fadets et surtout que l’invincibilité n’est pas de ce monde.

Cadavre exquis est plutôt macabre puisqu’on suit les pensées d’une morte en train de se faire enfourcher par un nécrophile.

Un choix réfléchi nous parle des aléas de la vie et de l’incapacité de prendre de bonnes décisions de son personnage principal. Heureusement, son reflet dans la glace se dissocie de lui au moment où il fait le grand saut.

Dragon, renard et papillon se passe au moyen-âge japonais et nous compte l’histoire d’un seigneur qui va faire confiance à celle qu’il croit être sa concubine. Que les apparences sont trompeuses dans cette nouvelle qui porte bien son nom.

Le serpent à Collerette est un conte admirablement écrit, où des enfants sont persécutés par un étrange serpent et son maître.

Les maléfices du temps nous font rencontrer un clown qui dirige une femme vers un magasin très bizarre. À coup sûr, la nouvelle qui déroute le plus le lecteur, une fois qu’on est dans le magasin. Surtout lorsqu’il y a des livres qu’on ne peut pas lire et des boites qu’on ne peut pas ouvrir. Excellent.

Le survivant nous apprend qu’un joueur de blues doit son succès et sa longévité au diable.

Notre-Dame aux écailles est plus onirique et nous entraine en pleine nuit auprès de statues de pierre. C’est beau.

Séparation de corps commence avec un site Web porno et se termine par la douleur. Je n’en dirai pas plus.

A noter également qu’à la fin du livre le lecteur trouvera une présentation de chaque auteur.

Cette anthologie est bien équilibrée, sans réelle faiblesse. Tous les textes sont préfacés par les auteurs ou par Marc Bailly. La nouvelle de Francis Berthelot a reçu un second prix, celui de la meilleure nouvelle de ces dix dernières années. A la lecture, j’ai effectivement trouvé qu’elle était excellente. Mais ce n’était pas ma préférée. J’ai davantage été attiré par Les maléfices du temps de Michel Rozenberg. Sans doute était-ce parce que ma sensibilité plus « fantastique belge » correspondait à ce texte.

En voyant la couverture, je pensais être tombé sur un livre gore, dans lequel les différents personnages se faisaient tronçonner au fil des pages, ou des clones du comte Dracula sévissaient à chaque coin de rue. En réalité, il n’en est rien. On a droit à tout le panel du fantastique, avec des scènes parfois d’horreur, mais avec des histoires qui mériteraient d’être plus développées sous la forme de romans. Auteurs, traducteurs, éditeur s’y trouvent, révélant leur talent pour un genre qui fait frissonner le lecteur. Pas besoin de vampire ou de magicien pour dépayser le lecteur et lui faire passer un bon moment de lecture. En fait, quand on arrive à la fin de l’anthologie, on a comme un goût de trop peu. Tiens, c’est déjà fini ? Ah, il faut attendre la prochaine anthologie ? Tant pis, j’attendrai !

Je pense que Rivière Blanche n’en restera pas là et renouvellera ce genre d’initiative. Tout comme Marc Bailly qui nous proposera certainement d’autres nouvelles liées au prix Masterton.

Voici une anthologie, qui démontre que les Francophones n’ont rien à envier aux Anglo-Saxons en matière de fantastique. Des textes réunis autour d’un prix, qui se laissent lire sans déplaisir. À coup sûr, un livre qui fera passer un bon moment au lecteur.

Les enfants de Masterton, Marc Bailly, Rivière Blanche, 2011, 241 pages, illustration de Nick Tripiciano

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