A vif

Réalisateur: 

Peur sur la ville


Femme sans loi

Erica Bain a l’habitude d’arpenter la nuit les rues de New York pour enregistrer toutes sortes de sons et d’histoires vécues afin d’alimenter l’émission "Street Walk" qu’elle anime sur une radio locale. C’est une femme comblée qui s’apprête à épouser dans quelques semaines David Kirmani, l’homme qu’elle aime. Alors qu’un soir tous deux promènent tranquillement leur chien aux abords de Central Park, ils sont violemment pris à partie par une bande de délinquants qui les agressent et les rouent sauvagement de coups. Quand Erica se réveille à l’hôpital après avoir passé trois semaines dans le coma, elle apprend que son fiancé n’a pas survécu à l’agression et qu’il a déjà été enterré. Si elle finit, au bout d’un certain temps, par se remettre lentement mais sûrement de ses blessures physiques, il n’en va pas de même du lourd traumatisme psychologique qu’elle a subi. En outre, le fait de n’avoir pas pu assister à l’enterrement de son fiancé, ne fait que rendre son travail de deuil encore plus difficile.

La ville, qu’elle aimait tant auparavant, génère désormais en elle une profonde angoisse et les lieux les plus familiers lui sont devenus maintenant aussi étranges qu’inquiétants. Pour lutter contre la peur insidieuse qu’elle ressent en permanence, elle finit par s’acheter une arme pour tenter de se rassurer. Peu de temps après, elle a la malchance de se retrouver, une fois encore, au mauvais endroit, au mauvais moment. Pour défendre sa vie, elle n’hésite alors pas à se servir de son arme et abat le malfaiteur. La peur, qui la taraudait depuis des semaines, semble maintenant s’être envolée, laissant ainsi la place à une obscure et indéfinissable pulsion mais elle ne s’arrête pas là et élimine d’autres malfaiteurs, au gré de ses rencontres. La population suit, par média interposé, les exploits de ce "mystérieux justicier" tandis que le Lieutenant Sean Mercer, qui est chargé de l’enquête, commence sérieusement à soupçonner Erica avec laquelle il a fini par nouer une étrange relation. Le filet se resserrant, de plus en plus, autour d’elle, Erica est désormais confrontée à un dilemme : peut-elle continuer à assouvir sa soif de vengeance ou n’est-elle pas devenue, à son tour, l’égale de ceux qu’elle traque, nuit après nuit ?

La femme aux deux visages


Si la 1ère partie du film, qui va jusqu’à son passage à l’acte, est réaliste et convaincante, la 2ème l’est nettement moins car si Erica tue, la 1ère fois, un malfaiteur effectivement en état de légitime défense, il n’en va pas de même pour les fois suivantes (la 2ème fois, elle avait à deux reprises la possibilité de l’éviter, la 3ème fois il s’agit carrément d’une "exécution" et, quant au massacre suivant, c’est l’aboutissement d’une vengeance froide et aveugle). Au fil du temps qui passe, elle prend conscience qu’elle est devenue une tout autre femme, une sorte d’étrangère tapie au plus profond d’elle-même, dont elle ne soupçonnait pas jusqu’alors l’existence et qui ne lui ressemble en rien. Elle souffre du syndrome de stress post-traumatique ce qui la plonge dans un état de confusion des plus extrêmes et elle a bien du mal à comprendre (et le spectateur aussi, par la même occasion) les motivations qui la poussent à se servir de l’arme qu’elle a achetée pour se prémunir d’une éventuelle nouvelle agression. Sa peur l’a transformée, du tout au tout, et a fait d’elle une tueuse au sang froid. Quant à la réaction finale, volontairement subversive et "politiquement incorrecte", du Lieutenant Mercer, elle est (elle aussi) peu crédible, en raison du caractère extrêmement consciencieux et jusqu’alors toujours très respectueux de la loi du personnage même si celui-ci se sent souvent frustré par une justice qui entrave son action et ne lui permet pas de protéger efficacement les gens. Ce n’est malheureusement pas l’interprétation, pourtant irréprochable, du casting qui apporte la moindre crédibilité à ce scénario peu convaincant et dans lequel le spectateur a bien peu de chances de pouvoir s’identifier au personnage principal.


A Vif

Réalisation : Neil Jordan

Avec : Jodie Foster, Terrence Howard, Naveen Andrews, Nicky Katt, Mary Steenburgen.

Sortie le 26 septembre 2007

Durée : 2 h 02

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