Puis sont venus les jours sombres

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François et Julien, des jumeaux que tout oppose et cependant très complices, vivent insouciants et heureux, encore épargnés par la menace ennemie. Loin des préoccupations de la guerre, ils profitent de leurs vingt ans, ressentant même les premiers frissons amoureux. Bientôt, pourtant, ils doivent se rendre aux Chantiers de la jeunesse, auxquels ils prennent part sans rechigner. Mais quand le maréchal Pétain décrète le STO en Allemagne, ils décident cette fois de s'y soustraire. Les deux frères, que l'on pensait inséparables, vont alors prendre des directions bien opposées...

 

Une fois de plus, Alain Léonard tape juste ! Spécialiste des romans historiques avec ancrage dans un territoire précis, il pose cette fois sa machine à écrire à Billom dans le Puy de Dôme et nous narre l'histoire de ces deux jumeaux, dont l'avenir aurait pu être simple et tout tracé, mais que la guerre va éloigner et déchirer.

François et Julien n'ont pas d'opinions bien arrêtées au moment où le conflit éclate. Trop jeunes, trop provinciaux, trop centrés encore sur leur propre personne. Petit à petit, la guere va s'immiscer jusque dans les moindres recoins de la petite ville tranquille et tout va changer.

Après une présentation de leur enfance riante et du premier traumatisme (la mort du père), l'auteur dépeint les premiers temps du conflit et ses répercussions sur la population. À mesure que la guerre dure et que les nazis se livrent à de plus en plus d'exactions, les deux frères vont se trouver écatelés entre ce que chacun pense être son devoir et leur amour fraternel. L'un entre dans la milice et l'autre rejoint le maquis, laissant une mère doublement effondrée derrière eux. Car, à l'inquiétude légitime qu'elle ressent pour ses fils s'ajoute la douleur de les voir séparés par leurs idéologies respectives.

Une bien belle histoire de famille !

Mais le roman ne se résume pas à cela. Alain Léonard ajoute une vision très juste et très documentée des ressentis populaires en province, de l'incompréhension face aux rafles, aux déportations, à la haine gratuite qui vise n'importe qui. Comme la plupart des gens, les citoyens de Billom ne demandent qu'une chose : vivre en paix. Hélas, l'Histoire ne laisse jamais bien longtemps de répit aux hommes...

Sans manichéisme, il nous entraîne dans cette période trouble et troublée, offrant même une certaine forme de compassion à des persnnes comme François, milicien pour de mauvaises raisons. Et il n'oublie pas de rappeller, dans un épilogue d'une tendresse poétique à faire pleurer, que même si on se trouve du côté des gagnants, une guerre n'en finit jamais de faire souffrir ceux qui l'ont vécue.

Pour ne rien gâcher, sous sa plume, que l'Auvergne est belle ! Laissez-vous entraîner, vous ne le regretterez pas.

 

Puis sont venus les jours sombres, d'Alain Léonard, éditions De Borée, ISBN 978-2-81-293956-3, 20,40 €