The corpse queen
Alors que sa meilleure amie Kitty vient de mourir dans des circonstances mystérieuses, Molly Green, orpheline de dix-sept ans, découvre l’existence d’une tante dont elle ne savait rien.
Richissime, Ava est disposée à prendre la jeune fille sous son aile... à condition que celle-ci soit prête à en payer le prix. Car Ava a bâti sa fortune en pillant des tombes pour revendre les dépouilles à des étudiants en médecine avides d’apprendre la chirurgie. Et elle veut que Molly l’aide à se procurer les corps.
Or à Philadelphie dans les années 1850, une jeune fille non mariée n’a que peu de perspectives. De plus, Molly est bien décidée à remonter la trace de l’étudiant qu’elle pense être l’assassin de Kitty. Elle accepte donc et découvre son nouveau métier... mais surtout, les leçons d’anatomie du docteur LaSalle, qui vont la fasciner. Mais à cette époque, aucune femme n’est censée étudier pour devenir chirurgienne. Et alors qu’un meurtrier sévit en ville et que la mort de Kitty reste impunie, la poursuite du savoir devient pour Molly une danse... mortelle.
J'ai adoré ce roman brillant : très sombre, évoquant sans artifices des évènements et situations peu ragoutants, c'est un pamphlet féministe sur fond de médecine. En se basant d'éléments réels (le vol de corps à destination des étudiants en médecine), l'autrice construit une intrigue implacable à deux voix narratrices. L'ambiance est à la fois gothique et gore, dans un équilibre parfait, contrebalancé par des passages très humains, grâce aux personnages de Tom et Ginny. Âmes sensibles s'abstenir, certaines descriptions très réalistes peuvent vous mettre le coeur au bord des lèvres !
Grâce aux études entamées par Molly et sa recherche de l'assassin de son amie, nous sommes projetés dans le Philadelphie de 1850, aussi bien dans les beaux quartiers que dans les bas-fonds. Le tout permet à l'autrice de brocarder sans pitié le sort des femmes, toutes les femmes, à cette époque, ainsi que le peu de débouchés leur étant offerts. Avec férocité, elle s'attache à démontrer l'inéluctabilité des destins dans une société patriarcale étouffante. Molly cherche à s'en affranchir, ainsi que d'autres, au risque de se brûler définitivement les ailes.
La fin est peut-être un peu rapide à mon goût, mais cela ne m'a pas gâché cet excellent roman.
Par contre, l'éditeur l'annonce dès 12 ans, je le réserverais pour ma part aux ados de plus de 15 ans, en raison de passages très rudes.
The corpse queen de Heather M. Herrman, chez Fibs, ISBN 978-2362316784, 18,90€