Une soirée à la plage

C’est avec un grand trouble que je sors de cette lecture. Il s’agit d’une Expérience avec un « E » majuscule. Avis aux amateurs de la littérature conventionnelle et linéaire, passez votre chemin car le court-circuitage neuronal guette !

Paru pour la première fois en 1988 chez Denoël, Multivers a eu la riche idée de nous proposer une version électronique de ce livre et de lui donner un second souffle.

Anjel reprend conscience sur une planète inconnue, la mémoire en lambeau. Des bribes ressurgissent, évoquant un voyage à bord du « Kynsos Markusbi », de son naufrage, et des autres membres de l’équipage, qu’il finit par retrouver en explorant cette planète. Ses compagnons n’ont d’humain qu’une vague apparence. En pleine confusion, perdant pied avec la réalité, ensemble, ils tentent de découvrir où ils sont et qui sont-ils.

À ce stade du récit, une poésie fantasmagorique bourrée de métaphores délirantes, je me suis dit que ça ressemblait plus à de la littérature grandiloquente dont les excentriques se gaussent d’en capter des subtilités qui n’existent que dans leurs imaginations. J’ai cessé d’essayer de comprendre et je me suis laissé emporter par les mots, les paysages aberrants si joliment décris, poursuivant la navigation dans cet ovni littéraire, la boite d’aspirine à côté de moi.

Et puis l’intrigue progresse et la grosse claque arrive. L’histoire prend un virage et change de rythme. À peine remis de ce revirement, les certitudes sont de nouveaux ébranlées et ça repart dans une autre direction. Je ne gâcherai pas le plaisir des lecteurs en divulguant d’autres informations mais tout ce fatras hallucinatoire prend un sens et démontre avec quelle virtuosité l’auteur a la maîtrise de son univers imaginé. Chaque détail prend un sens, puis un double sens, ajoutant pièce par pièce chaque morceau du puzzle, jusqu’à en former une vrai pépite.

Dans le registre des livres « capillotractés », c’est un des meilleurs que j’ai lu à ce jour.

Une soirée à la plage de Jacques Barbéri, e-pub, 192 p., 2,49 €, Multivers