Road Tripes

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Vincent, musicien raté, piètre époux et père, se retrouve à distribuer des prospectus dans les boites aux lettres pour gagner sa vie. Son existence semble s’enkyster dans l’échec, la médiocrité et l’ennui quand il rencontre Carell, demi-demeuré et vrai voyou. Embarqué malgré lui dans une fuite en voiture à travers la France, où les deux compères accumulent catastrophe sur catastrophe, Vincent apprend petit à petit à contrôler sa vie, à prendre des décisions, à les assumer, à s’imposer... même si c’est pour le pire.

 

Le domaine du polar humoristique, du roman barré, de la fiction qui fait marrer et gamberger à la fois, n’est pas particulièrement représenté dans les rayons de nos librairies. Écrire, c’est un truc sérieux. Faut que ça fasse réfléchir au premier degré. Tout au plus, dans certains cercles, est toléré un petit rire sec lorsque déboule un roman à clé, qui charge avec subtilités, ou pas, le monde de la littérature ou des médias au sens large. Au-delà de cet exercice bien précis (ah, j’oubliais les comédies romantiques « drôles » qui fleurissent comme de mauvais chardons, mais, j’avoue, je l’ai fait exprès…) point de salut pour celles et ceux qui décident de foutre un peu le bordel dans les codes, d’enquiller sans fléchir les situations les plus grotesques, tout en nous offrant des galeries de personnages inoubliables. Heureusement, le politiquement correct et les bonnes manières littéraires, Sébastien Gendron n’en a pas grand-chose à caler. Avec ce Road Tripes, il colle donc le pied au plancher dès la première scène, version franco-française du carambolage des Blues Brothers, pour ne plus nous lâcher pendant près de trois cents pages d’aventures bringuebalantes, polardeuses et burlesques. Ici, point vraiment de mystère, ou d’enquête, mais plutôt l’histoire d’un mec, perdu, l’esprit ramolli par une éthique de vie très « génération X », qui va se laisser porter par les délire d’un anti-Jiminy Cricket à la mandale facile. Vol de bagnole, tentative de braquages, incendies criminels, règlement de compte en pleine forêt, sectes et partouze homosexuelle se télescopent pour former une joyeuse farandole qui emporte le lecteur… Et lui donne cette impression délicieuse d’avoir commis quelques grosses bêtises… sans trop de conséquence.

 

On regrettera peut-être une sorte de sursaut final, entre exploitation intelligente d’une liberté retrouvée et retour à la norme. Une conclusion sans doute plus constructive qu’un gros doigt d’honneur aux accents de No Future, mais tout de même…

 

Road Tripes par Sébastien Gendron, Éditions Pocket

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