Shutter Island
Disparitions
L’hôpital et ses fantômes
En 1954, le marshal Teddy Daniels, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, et son tout nouveau coéquipier Chuck Aule, avec qui il travaille pour la 1ère fois, sont envoyés sur l’île de Shutter Island située au large de Boston, qui abrite un hôpital psychiatrique, entouré d’une clôture électrifiée - où sont internés de dangereux criminels - ainsi qu’une prison de haute sécurité, installée dans l’enceinte d’un ancien fort, afin d’enquêter sur l’inexplicable disparition de Rachel Solando, l’une des pensionnaires.
Comment la jeune femme a-t-elle pu sortir de sa cellule fermée à double tour de l’extérieur et qui comporte d’épais barreaux à la fenêtre ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle est inscrite une suite de lettres et de chiffres sans signification apparente : s’agit-il là d’un simple griffonnage sorti tout droit de son esprit dérangé ou alors d’un message crypté dissimulant un appel à l’aide ? Qui est le mystérieux patient N°67 qui y est mentionné ? Telles sont les principales questions auxquelles les deux marshals vont devoir trouver rapidement une réponse.
Alors qu’une très forte tempête s’abat sur l’île complètement isolée empêchant, du coup, toute navigation sur les flots déchaînés et donc tout possibilité de retour sur le continent, les deux marshals, sous étroite surveillance (à la fois par des psychiatres inquisiteurs et l’ensemble du personnel de l’hôpital, les gardiens de prison sous la haute autorité de leur Directeur très à cheval sur le règlement intérieur de cet établissement hors normes mais aussi d’une pléthore de fous criminels, tous plus dangereux les uns que les autres),
tentent de mener leur enquête dans cet univers aussi mystérieux qu’angoissant où se mêlent conspirations et manipulations mentales. A la recherche d’indices au cœur de ces lieux hantés par ce que l’âme humaine peut engendrer de pire, Daniels commence à comprendre que pour avoir une chance d’approcher la vérité, il devra affronter ses peurs les plus viscérales et ses démons intérieurs au risque de ne jamais quitter l’île vivant.
En pleine tempête
Ce thriller psychologique est une sorte de huis clos (car même lorsque l’action se passe à l’extérieur, il est impossible aux différents protagonistes de s’échapper en raison de la topologie spécifique de l’île et de la terrible tempête qui y fait rage) à l’atmosphère oppressante qui mélange enquête policière, drame familial, conspiration, manipulation mentale et divers éléments frôlant parfois le surnaturel. L’histoire se déroule pendant un laps de temps très court (seulement quatre jours) sur une île isolée de tout, au sein d’un hôpital psychiatrique parmi des fous extrêmement dangereux et au moment précis où souffle une tempête très violente.
Hanté par de lourds secrets (les atrocités et exactions commises pendant la Deuxième Guerre Mondiale dont il est revenu profondément marqué puis le terrible drame familial qui a coûté la vie à sa femme et à ses trois enfants), Daniels se sent, dès son arrivée à Shutter Island, comme investi d’une mission, à savoir celle de retrouver, coûte que coûte, Rachel Solando, car s’il n’a malheureusement pas été en mesure de sauver la vie de sa famille, il fera tout pour sauver celle de cette patiente disparue. Il voit dans cette enquête une façon de pouvoir en quelque sorte racheter ses erreurs passées. Il est donc prêt à tout pour résoudre cette mystérieuse disparition. Tiraillé entre d’horribles cauchemars, des souvenirs de guerre, des hallucinations diverses, des fantasmes et une paranoïa grandissante, Daniels ne sait vraiment plus à qui se fier.
Blessures secrètes
Sorte de voyage aux tréfonds des méandres de l’âme humaine, Shutter Island nous montre de quelle façon un cerveau humain arrive à s’accommoder comme il le peut face au syndrome de stress post-traumatique propre aux soldats qui reviennent de la guerre. Le film commence comme un polar des fifties avec ce qui semble, de premier abord, n’être qu’une banale enquête menée par deux marshals dans des conditions certes difficiles.
Mais, au fil du déroulement de l’intrigue, il change radicalement de genre tandis que les différentes pièces du puzzle se mettent, petit à petit, en place afin de révéler l’ultime vérité. Toutefois l’accumulation de cauchemars, d’hallucinations et autres souvenirs, montrés sous forme de flash-back à répétition, qui fragmentent sans cesse le cours de l’intrigue, finit à la longue par complètement plomber le film et le spectateur, lassé, décroche avant de sombrer définitivement dans l’ennui, d’autant plus que le film semble interminable malgré ses multiples rebondissements. Quant à la mise en scène, elle privilégie malheureusement en permanence les effets de style au détriment du reste. Par ailleurs, comme toute l’intrigue tourne exclusivement autour de Daniels, tous les autres personnages (et donc aussi les acteurs et actrices qui les interprètent) ne jouent ici, du coup, que de simple faire-valoir ce qui est vraiment dommage dans la mesure où ils sont tous excellents.
Shutter Island
Réalisation : Martin Scorsese
Avec : Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Emily Mortimer, Max Von Sydow, Jackie Earle Haley, Michelle Williams, Patricia Clarkson
Sortie le 24 février 2010
Durée : 2 h 17