Mary et Max
Lettres d’une inconnue
L’ami américain
Mary Dinkle est une fillette de 8 ans joufflue et solitaire, qui vit dans une paisible banlieue de Melbourne en Australie. Se sentant seule, elle décide un jour d’entamer une correspondance avec un habitant de New York.
Elle choisit alors, au hasard, un nom dans l’annuaire et tombe sur celui de Max Horovitz, un juif obèse de 44 ans atteint du syndrome d’Asperger qui habite au cœur de la jungle urbaine. Mary est curieuse de savoir ce qui se passe dans le monde et dans chacune de ses lettres, elle pose toutes sortes de questions souvent saugrenues au pauvre Max qui a bien du mal à y apporter la réponse adéquate. Au fil des ans, une solide amitié se noue par courrier interposé entre ces deux être solitaires, chacun d’eux étant confronté au quotidien à leurs problèmes personnels dans leur pays respectif.
Tranches de vie
Sur plus de 20 ans et d’un continent à l’autre, Mary et Max retrace l’histoire d’une relation purement épistolaire entre deux personnes que tout sépare (leur pays d’origine, leur âge, leur mode de vie, leur passé et leur vie actuelle) et nous montre la confrontation de deux regards sur les choses de la vie (celui d’une fillette curieuse avec l’innocence et la pureté propres à l’enfance avec celui d’un quadra dépressif et handicapé par sa maladie). En faisant la chronique du passage de Mary de l’enfance à l’âge adulte et de celui de Max de la maturité à la vieillesse, le film explore une amitié hors du commun qui s’est forgée à distance et a surmonté bien plus d’obstacles qu’une amitié traditionnelle.
Adam Elliot opte, cette fois-ci encore, pour la pâte à modeler ainsi que pour la technique longue et laborieuse de la stop motion. Il n’hésite pas à repousser les limites du genre aussi bien dans la forme (en choisissant un graphisme enfantin pour représenter des personnages rondouillards et au physique peu avenant mais dont la détresse psychologique les rend particulièrement attachants) ce qui donne un aspect désuet au film - mais lui apporte en revanche tout son cachet et son originalité - que dans le fond en traitant de nombreux sujets qui ne sont jamais abordés par des studios d’animation américains (alcoolisme, dépression, tentative de suicide, kleptomanie, agoraphobie, taxidermie, différences religieuses, autisme, confiance en soi et dans les autres, etc). Le résultat est tout à la fois irrévérencieux, émouvant et drôle en raison à la fois de dialogues percutants (dont l’humour décapant est proche de celui de Woody Allen) et de diverses situations cocasses.
Les mouvements de caméra des prises de vue en stop motion ainsi que les différents éclairages donnent un côté extrêmement réaliste à ces deux univers distincts. Le monde de Mary se décline dans des tons bruns parsemés de quelques touches de couleur (comme le rouge la barrette dans sa chevelure ou la pierre de la bague qu’elle porte au doigt) tandis que celui de Max est montré dans des tons noirs, blancs et gris. Au travers de l’universalité de son scénario et de la simplicité de son style visuel, Adam Elliot a su trouver le savant dosage entre le drame et la comédie ainsi que l’humour et l’émotion pour célébrer de façon très originale la différence, l’acceptation de soi et la solitude. Il est à noter que Mary et Max, dont le tournage a duré 57 semaines, aura nécessité pas moins de 212 marionnettes, 133 décors différents, 475 accessoires miniatures et 147 costumes sur mesure.
Mary Et Max
Réalisation : Adam Elliot
Film d’animation avec les voix de : Toni Collette, Philip Seymour Hoffman, Barry Humphries, Eric Bana, Bethany Whitmore, Renée Geyer, Ian “Molly” Meldrum, John Flaus, Julie Forsyth
Sortie le 30 septembre 2009
Durée : 1 h 32