A la mort subite

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À la mort subite. Un titre qui évoque invariablement pour un Bruxellois un lieu dans lequel il peut boire une gueuze du même nom. Car la mort subite est d’abord une gueuze. La brasserie bruxelloise qui se trouve au croisement de la rue de la Montagne et de la rue d’Assaut a pris le nom de « La mort subite » vers 1910. Voilà pour la petite histoire.

C’est le premier livre que je lis de Jérôme Charyn. Je le découvre à travers ce roman. Et pourtant l’homme semble être une référence littéraire. On retrouve ses textes aux côtés de ceux de Francis Scott Fitzgerald ou Henry Miller. On lui doit aussi Marilyn la dernière déesse, livre dans lequel il retrace la carrière de Marilyn Monroe.

Le Castor Astral nous propose un roman à suspense (je n’ose pas dire policier) qui va justement utiliser comme décor cette brasserie bien connue des Bruxellois. À travers les yeux de Sidney Holden, son personnage principal, on a droit à un tour de Bruxelles. Ici, point de guide touristique. On apprend qu’il y aurait un étage caché à l’hôtel Métropole, que les trams bruxellois sont des scarabées de cuivre, et qu’on peut trouver du waterzooi à la mort subite.

L’histoire est relativement rectiligne. Sydney Holden qui vit à Paris est appelé par le vieux Raab à Bruxelles. Il est invité par celui-ci à l’hôtel Métropole et occupera la même chambre que son défunt père. Holden a toujours su que son père n’était pas qu’un ancien MP américain, mais qu’il était aussi un flingueur, un nettoyeur qui travaillait pour Raab. Son fils, Sydney Holden, est aussi un flingueur. Son arrivée à Bruxelles provoque certains remous dans le milieu de la pègre. À peine à l’hôtel Métropole, on tente déjà d’éliminer Holden. C’est Raab qui se débarrasse d’un de ses hommes de main. Après cette péripétie mortelle, Raab propose à Holden de reprendre le boulot de son père, en commençant par se débarrasser d’une certaine Louiza Boogarden qui lui fait de l’ombre.

Alors qu’il cherche à rencontrer cette « môme », Holden découvre une photo d’une femme qui pourrait être sa mère et qu’il n’a jamais connue. La rencontre avec Louiza va lui faire comprendre que le pourri dans cette histoire, ce n’est pas elle, mais bien Raab qui ne supporte pas la concurrence. De plus, Raab détient la mère de Holden. Ce dernier va remettre les choses en place. Le flingueur qu’il est ne s’encombre pas de sentiments pour faire le vide autour de lui.

L’histoire est agrémentée par de nombreuses photos en noir et blanc prises par Michel Castermans. Avec celle-ci, le lecteur peut mieux visualiser les lieux dans lesquels l’histoire se passe. Car ces lieux existent vraiment.

Courts romans ou longues nouvelles, au choix. On ne s’ennuie jamais dans ce livre dont le rythme ne permet pas au lecteur de souffler. Tous les chapitres sont brefs et commencent par une photo en noir et blanc des lieux où se situe l’action. On aurait presque envie de demander à l’auteur de faire un autre roman, dans lequel Michel Castermans pourrait insérer des photos de la capitale européenne.

J’ai beau connaitre Bruxelles, la vision de Charyn est plutôt sombre, mais pas glauque. Les photos de Castermans ajoutent de la noirceur à cette histoire de truands. Le Bruxellois que je suis a aimé ce court roman. Plus pour l’histoire que pour les lieux où elle se situe. À peine commencé, ce livre a été lu entièrement sans que je m’en rende compte. Et lorsque je l’ai refermé, j’avais le sentiment d’avoir passé un bon moment avec ce flingueur. Petit roman sympa qui se laisse lire.

À la mort subite, Jérôme Charyn & Michel Castermans, Le Castor Astral, 2014, 110 pages, traduit par Marc Chénetier.

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