Corpus delicti

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Corpus delicti

La Méthode est universelle, la Méthode est infaillible, la Méthode donne le bonheur, la Méthode est tout. Dans cette société futuriste, la Méthode a éradiqué la maladie et le système lutte pour maintenir la population saine et heureuse. Il oblige donc les citoyens à se soumettre à des examens médicaux réguliers, à pédaler quotidiennement et à consommer des aliments équilibrés (et synthétiques).

Malgré cet environnement idyllique, certains persistent à revendiquer la liberté, même si celle-ci signifie souffrir. Le frère de Mia, Moritz, rêveur et idéaliste, a été retrouvé mort dans sa cellule, accusé d’un viol qu’il a toujours nié. Mia, dépressive suite au décès de son frère, délaisse ses obligations sanitaires, ce qui lui vaut l’attention de la Méthode. Débute alors un extraordinaire enchaînement qui va dynamiter la vie de la jeune femme.

Le bonheur obligatoire est un thème récurrent et Juli Zeh propose une société classique, qui pour aboutir à ses fins collectives, est prête à détruire les individus. Les personnages rencontrés permettent d’aborder tous les positionnements face à ce maître transcendant, du fanatique au contestataire, en passant par le passif, le modéré, le dubitatif. Mia, héroïne malgré elle, est une jeune femme sensible qui apparaît en fait souvent dépassée par les événements. Mais elle lutte.

L’intrigue est bien conçue, l’écriture claire et plaisante, le roman étant composé de courts chapitres qui dynamisent le récit. La situation de Mia alterne les bas et les très bas, au gré des rebondissements d’un récit essentiellement psychologique, en l’absence de toute action. Heureusement, la noirceur de la vision de l’auteur est atténuée par quelques touches d’humour rafraîchissantes. Un bon livre qui permettra de réfléchir sur un sujet délicat.

Corpus Delicti de Juli Zeh, illustré par Bedeum, traduit par Brigitte Hébert et Jean-Claude Colbus, éditions Actes Sud

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