Whiteout

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Antarctica



Froid comme la mort

Cela fait déjà deux longues années que Carrie Stetko s’est volontairement exilée loin de tout, histoire de faire le point sur sa vie et c’est en Antarctique sur la banquise, qui s’étend à perte de vue, qu’elle exerce désormais son métier. En tant que marshal fédéral, elle est la seule représentante de la loi dans cet immense territoire impitoyable de 14 millions de kilomètres carrés de glace, isolé du monde et plongé dans la nuit la moitié de l’année, où la température peut descendre jusqu’à - 84°c et la vitesse du vent dépasser les 160 km/h.
Elle a le moral au plus bas et compte un à un les jours qui la séparent du dernier vol qui quittera la base juste avant que l’hiver et ses ténèbres ne s’installent six mois durant. Ses préparatifs de départ sont brusquement interrompus par la découverte du cadavre de Weiss, un géologue américain appartenant à un petit groupe de chercheurs venus étudier des fragments de météorites. Son corps, entièrement gelé avec les bras et les jambes étrangement tordus, a été retrouvé sur la banquise séparant la station de recherche américaine Amudsen-Scott et celle de son équivalent russe Vostok. Un examen plus approfondi effectué au cours de l’autopsie révèlera de nombreux os brisés ainsi qu’une longue entaille dans sa jambe, récemment recousue de façon grossière, tandis que la cause de la mort résulte d’une profonde blessure à la poitrine faite par un piolet.

Les diamants sont éternels


Que faisait Weiss à cet endroit au moment de sa mort ? Le mystère est entier et l’emplacement où son corps a été retrouvé est plus surprenant encore puisqu’il s’agit d’un coin perdu de la banquise situé à des dizaines de kilomètres de la base. Autour du cadavre, il n’y avait pas la moindre trace de roues ou de chenilles d’un quelconque véhicule qui aurait pu l’amener là, ni de carte indiquant l’endroit et encore moins d’équipement. Par ailleurs en raison des mauvaises conditions atmosphériques, il s’avère impossible d’envoyer le cadavre aux autorités américaines situées à la station McMurdo, à plus de 1500 km de là, afin de leur passer le relais. L’instinct de policier et le sens des responsabilités de Carrie la poussent alors à prendre les choses en main pour tenter de découvrir l’identité de l’assassin de Weiss. Son enquête la conduit tout d’abord à la base de Vostok , où il a trouvé refuge, pour interroger l’un des anciens équipiers de la victime. C’est là qu’elle rencontre Robert Pryce, un enquêteur des Nations Unies envoyé sur place pour l’aider à résoudre l’affaire et contrôler l’information sur ce crime vis-à-vis des médias (il s’agit-là, en effet, du 1er homicide commis sur un continent qui n’a aucun gouvernement central et est géré par un traité multinational).
Carrie voit cela d’un mauvais œil et n’apprécie pas qu’on lui impose un partenaire même si sa présence à ses côtés pendant l’enquête pourrait lui être (et s’avèrera effectivement être) d’un grand secours. Son enquête va finir par révéler des secrets, enfouis sous la glace depuis plus d’un demi-siècle, qui ont poussé quelqu’un à tuer pour les préserver à tout prix.

En pleine tempête

Pour représenter l’environnement du Pôle Sud, le tournage s’est en partie déroulé dans les plaines enneigées du Manitoba, au Canada, où la base scientifique a été reconstituée sous la forme d’un décor partiel destiné à être prolongé par ordinateur en y intégrant par la suite des matte-paintings et des extensions 3D. Seul le rez-de-chaussée des bâtiments d’habitation de la base a été construit sur le site de tournage, les étages supérieurs ayant été ajoutés en 3D avant que l’image ne soit ensuite étalonnée pour lui donner une tonalité hivernale.

Pour la scène de la poursuite en pleine tempête, des portions de décor ont été démontées puis transportées à Montréal où elles ont été remontées en studios et où les buttes de neige ont été simulées avec 120 tonnes de sable recouvertes de 12 tonnes de sel.
Le site reconstitué a ensuite été prolongé par un panorama 3D à perte de vue. Engoncés dans leurs épaisses tenues polaires, les acteurs étaient balayés par de puissants vents engendrés par des ventilateurs géants, projetés en arrière par des câbles et fouettés par des milliers de flocons de neige artificielle. Par la suite, les images des acteurs progressant dans la tempête ont été considérablement amplifiées lors de la postproduction par l’intégration d’un rajout de plusieurs milliers de flocons 3D supplémentaires. Au total, le film comporte plus de 900 plans d’effets visuels.

L’enfer au-dessous de zéro

Adapté du roman graphique éponyme de Greg Rucka et Steve Lieber, ce thriller psychologique a pour spécificité de se dérouler, tout à la fois, dans des conditions climatiques extrêmes - ce qui complique singulièrement l’enquête policière - et dans un endroit dont l’isolement influe négativement sur le moral des personnages qui se retrouvent, du coup, dans une situation de stress inhabituel. Certains d’entre eux deviennent tellement obnubilés par leur survie qu’ils en perdent leur humanité ainsi que tout sens moral.
Le film alterne entre une enquête policière minutieuse effectuée dans un contexte très particulier et avec les moyens du bord, des scènes d’action plus ou moins spectaculaires et les états d’âme des principaux protagonistes hantés par leur passé respectif qui nous est révélé au compte-gouttes par l’intermédiaire de divers flash-back. Malgré la bonne volonté de l’ensemble du casting, un sujet intéressant (du moins à l’origine) et des effets spéciaux impeccables, le résultat final est très décevant dans la mesure où le scénario est bourré d’invraisemblances avec un twist qui n’étonnera malheureusement personne tant il était prévisible longtemps à l’avance. Par ailleurs, en ce qui concerne la mise en scène, on a aussi connu Dominic Sena (60 Secondes Chrono, Opération Espadon) nettement plus inspiré qu’ici. Après l’avoir vu, on comprend mieux pour quelles raisons on aura du attendre deux ans entre la fin du montage du film et sa sortie en salles.

Whiteout

Réalisation : Dominic Sena

Avec : Kate Beckinsale, Gabriel Macht, Columbus Short, Tom Skerritt, Alex O’Loughlin

Sortie le 21 octobre 2009

Durée : 1 h 40

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