Humanoïdes (Les)

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Les humanoïdes de Jack Williamson est un livre de science-fiction publié en 1949, livre qui retrace l’arrivée d’humanoïdes (robots anthropomorphiques) qui vont changer le cours de l’Humanité. J’avais précédemment lu ce livre lors de sa parution chez Stock en 1971. A l’époque, j’étais adolescent et le livre m’avait profondément marqué. J’avais découvert Jack Williamson avec son cycle sur la légion de l’espace, puis avec ses récifs de l’espace. Jack Williamson avait rejoint mes auteurs préférés de l’époque, c’est-à-dire E.E. Doc Smith, Edmond Hamilton, Isaac Asimov et A.E. Van Vogt.

Au fil des années, ce livre s’est retrouvé dans ma bibliothèque idéale de livres de science-fiction. S’il faut conseiller un livre sur les robots ou les humanoïdes, c’est le livre de Jack Williamson que je proposerai aux lecteurs. Il n’est pas très épais, il se lit rapidement et reste très agréable malgré les ravages du temps.

On connaissait les trois lois de la robotique qu’Isaac Asimov avait utilisées dans son cycle sur les robots. Jack Williamson décide de prendre le contrepied de celles-ci et nous en propose une nouvelle : « Au service des hommes pour leur obéir et les garder du mal ». Tout un programme, car cette loi peut être interprétée de différentes manières. Et c’est justement le sujet de ce livre.

L’histoire se passe dans un lointain futur. L’humanité a essaimé dans la galaxie, mais pas aussi bien qu’elle n’aurait dû. Certaines civilisations ont connu la guerre et ont régressé. Le docteur Clay Forester travaille sur le projet « riposte ». Des missiles capables de dépasser la vitesse de la lumière et d’aller frapper un monde situé à plusieurs années-lumière. Ce projet est top secret et Forester garde dans une cache de son labo des missiles issus de son projet.

Un jour Forester est contacté par une petite fille qui a le pouvoir de se téléporter. Elle met le docteur Forester et son assistant Ironsmith en contact avec Mark White, un philosophe qui possède des pouvoirs parapsychiques, qui se trouve être le chef d’un réseau de résistants. White prévient Forester que son monde va connaitre une invasion. Mais Forester n’y croit pas et les choses ne vont pas plus loin entre les deux hommes.

Plus tard, des vaisseaux viennent se placer en orbite autour de la planète de Forester. Les humanoïdes font leur apparition, sorte de robots anthropomorphiques qui n’ont qu’un but : aider les hommes. Ils font appel à une technologie rhodomagnétique, qui est justement la spécialité de Forester, et ils viennent de la planète Aile IV située à plusieurs années-lumière. On découvre qu’ils forment une sorte de gigantesque réseau, dirigé depuis leur planète d’origine. Lorsque les autorités planétaires signent un traité avec les humanoïdes, ils ne savent pas encore que ces derniers vont tout faire pour que les humains ne mettent plus leur vie en danger. Ils commencent par faire arrêter les travaux de recherche des humains, puis ils les cantonnent à des loisirs. Les humanoïdes, machines infatigables, font tout le travail à la place des humains. Et pour les humains qui éprouveraient des problèmes psychologiques, l’euphoride leur est administré, faisant d’eux des personnes sans volonté, parfois sans souvenirs. Dans leur bienveillance, les humanoïdes manipulent les humains et les empêchent de se mettre en danger. Lorsque Forester s’en rend compte, après avoir vu sa femme Ruth retomber en enfance grâce à l’euphoride, puis avoir constaté qu’elle l’avait complètement oublié, il décide de retrouver White le philosophe et de rejoindre son groupe de résistants. Mais les choses ne tournent pas aussi bien que Forester l’aurait voulu. Il se retrouve traqué par les humanoïdes, puis apprend que Ironsmith, son assistant, est du côté des humanoïdes et déjoue ses plans. Pourchassé, Forester rejoindra les résistants. Il découvrira qu’ils ont tous des dons parapsychiques. Avec leur aide, il va essayer de modifier la programmation des humanoïdes. Mais malgré tous ses efforts, les humanoïdes auront le dernier mot.

Le livre de Jack Williamson montre un combat perdu par les humains, mais pas un avenir sombre. Forester et les autres protagonistes de ce livre vont se retrouver du même côté que les humanoïdes et vont finalement aider ceux-ci à coloniser la galaxie Andromède.

Au niveau technologique, on peut rapidement faire abstraction des cartes perforées rencontrées au début du livre. Par contre au chapitre 20 (page 169 pour être exact), impossible de laisser passer que le cerveau humain n’a que 10 millions de cellules. Il manque au bas mot quatre zéro à ce nombre. Comment a-t-on pu laisser passer une telle ânerie lors de la révision ? J’espère que lors de la prochaine édition en format de poche, on corrigera cette erreur.

En dehors de ce petit détail, le livre est excellent. Une histoire soutenue, un personnage attachant et une intrigue relativement simple. Jack Williamson va à l’essentiel en nous montrant la cause perdue de quelques humains qui combattent la bienveillance des androïdes. Qui a raison ? Les humains sans aucun doute. Si demain cette situation devait nous arriver sur Terre, nous aurions le même problème. Doit-on laisser les androïdes gérer nos vies ? Si les humains ne sont plus libres de prendre des décisions, de prendre des risques, leurs vies ne vaudraient plus la peine d’être vécue.

J’aimerais faire une dernière remarque sur cette édition. Pourquoi ne pas avoir inclus la nouvelle « Les bras croisés » parue précédemment dans le livre d’or de Jack Williamson et aussi dans le recueil de nouvelles « Des hommes et des machines » dirigé par Robert Silverberg, paru chez Marabout ? Même si il ne s’agit pas de la même histoire (la nouvelle se passant sur Terre), elle a été le précurseur au livre et méritait sa place dans cette dernière édition.

Les humanoïdes est un des meilleurs livres de Jack Williamson. Il a toujours sa place dans une bonne bibliothèque SF. Sa relecture à 39 ans d’intervalle m’a procuré un certain plaisir à retrouver une histoire fluide, axée sur une idée principale, qui résiste au temps. Cela reste un classique à conseiller à tout amateur du genre.

Les humanoïdes de Jack Williamson, traduction de Philippe Sterne, Terre de brume, 2009, 268 pages

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Commentaires

Je n’avais jamais lu l’ouvrage. J’adore par exemple "plus noir que vous ne pensez" du même Williamson. Ma lecture récente de ce roman ne m’a pas enthousiasmé autant que vous. J’en attendais beaucoup et je trouve le résultat beaucoup moins fluide que l’autre roman pré-cité. Les idées sont là mais le réel plaisir de lecture pas complètement (il s’agit d’ailleurs d’une oeuvre de "jeunesse" pour un auteur qui a continué à produire très "vieux").