W - L'improbable président

Réalisateur: 

De l’ombre à la lumière



Changement d’habitudes

Dans ce biopic, Stone nous relate le parcours chaotique du 43ème président des Etats-Unis et nous montre comment George W. Bush est passé du statut d’alcoolique invétéré, de débauché notoire et de mouton noir de sa famille à celui de président de la 1ère puissance mondiale. A coup de flashs-back à répétition, il retrace une grande partie de sa vie de 1966, époque où il est étudiant à Yale, jusqu’en 2004 où il entame son 2ème mandat.
Le scénario est clairement scindé en trois parties distinctes. La 1ère nous raconte sa jeunesse à l’époque où il se comportait en rebelle, échouant systématiquement dans tout ce qu’il entreprenait en raison de son incapacité à trouver sa voie et à garder le moindre travail. La 2ème est consacrée à son changement radical d’existence suite à sa conversion à l’évangélisme à l’âge de 40 ans ainsi qu’à la montée en force de sa soudaine volonté de pouvoir. C’est là qu’il devint l’heureux propriétaire d’une équipe de base-ball puis gouverneur du Texas à deux reprises. La 3ème partie se focalise sur sa présidence mais en se concentrant uniquement sur la période allant de 2001 à 2003, celle qui a mené à la Guerre en Irak.

Les pleins pouvoirs

Stone nous dresse ici un portrait sans concession de cet homme qui a lutté toute sa vie contre ses propres démons et dont la transformation radicale le mènera à la Maison Blanche, tout comme son père avant lui, mais sans pour autant jamais vraiment obtenir l’approbation de ce dernier. Le scénario insiste constamment sur sa quête permanente de reconnaissance de la part de son père, qui malgré tout l’amour que celui-ci éprouve pour son fils, ne l’a jamais considéré comme étant une lumière et lui a toujours préféré son frère. Tout le film est centré sur la relation tumultueuse et conflictuelle entre le père et le fils, ce conflit perpétuel ayant entraîné sur W. de profondes répercussions et aussi, par extension, sur les USA et le Monde. La différence entre le père et le fils est même présente jusque dans leur traitement du problème de l’Irak : le père ayant été le principal artisan de la Guerre du Golfe avec l’appui de l’ONU et des troupes de la coalition alliée alors que le fils est parti en guerre pour chasser le dictateur irakien qui, soi-disant, menaçait le monde avec un arsenal d’armes de destruction massive qui n’a pourtant jamais existé. Stone nous montre par le menu détail différentes réunions se déroulant dans la Situation Room, la salle de conférence et de gestion des renseignements de la Maison Blanche, où sur les conseils de ses plus proches collaborateurs W. prend un certain nombre de décisions vitales pour l’avenir d’une partie du monde comme celle de déclencher la guerre en Irak, histoire d’aller combattre l’Axe du Mal. Certaines séquences qui semblent surréalistes ne sont pas loin de nous faire penser à celles du Docteur Folamour.
Etant tellement sûr du bien-fondé de leurs décisions, on a vraiment l’impression que personne ne réfléchit, une seule seconde, aux conséquences que vont automatiquement engendrer leurs actes, la preuve étant d’ailleurs apportée ultérieurement lors de la scène de la conférence de presse à la Maison Blanche où un journaliste demande à W. quelles ont été ses erreurs et où il est bien incapable de répondre, étant visiblement intimement persuadé qu’il n’en a commises aucune.

Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre de la part d’Oliver Stone, W. n’est pas un brûlot, ni une mise en accusation à charge mais plus une tentative d’explication sur le fonctionnement de la famille Bush qui a sa propre philosophie, son code de conduite ainsi qu’un important réseau de relations complexe et tentaculaire. La relation conflictuelle entre le père et le fils est ici le pivot du film et on en arrive presque parfois à éprouver de la sympathie pour le pauvre fiston. On a toutefois du mal à comprendre le choix (qu’on respecte pourtant) de Stone de ne parler que de la guerre en Irak et de ne pas aborder d’autres évènements tout aussi marquants qui se sont déroulés sous la présidence de W. comme le vote du Patriot Act, les droits de l’Homme bafoués (les exactions commises par des soldats américains dans les prisons irakiennes et les détentions abusives à Guantanamo), le recomptage plus que douteux des bulletins de vote en Floride lors de sa réélection, le manque de réactivité à la suite des ravages commis par Katrina à La Nouvelle Orléans, … Josh Brolin a su parfaitement capter le comportement et la gestuelle de W. même si parfois certaines séquences souffrent d’un problème de maquillage et il est entouré d’une impressionnante brochette d’excellents acteurs qui interprètent les différents membres de la famille Bush ainsi que les divers conseillers de la Maison Blanche (Karl Rove, Condoleeza Rice, Donald Romsfeld, Ari Fleischer, Colin Powell, Dick Cheney, George Tenet, Paul Wolfowitz) qui forment la garde rapprochée du président.

W.

Réalisation : Oliver Stone

Avec : Josh Brolin, James Cromwell, Elizabeth Banks, Ellen Burstyn, Richard Dreyfuss, Scott Glenn, Toby Jones, Stacy Keach, Bruce McGill, Thandie Newton, Jeffrey Wright

Sortie le 29 octobre 2008

Durée : 2 h

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