Vivant (Le)

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Présenté comme une dystopie post-apocalyptique, il s’agit en fait d’une tentative de roman post-singularité car la catastrophe qui a provoqué, plusieurs siècles plus tôt, la « Grande Compression ». C’est-à-dire le retour de l’humanité à une population de trois milliards après guerres, famines, épidémies et massacres, c’est bien une Singularité, la naissance du Vivant, une conscience à base informatique qui gère la totalité des humains et, en particulier, le maintien de leur nombre à une valeur constante, les naissances en nombre limité prenant la place des disparus, leur « incode », dans un système de quasi-réincarnation. L’enfant reçoit d’ailleurs, pour son huitième anniversaire, l’ensemble des souvenirs qu’a voulu lui transmettre son prédécesseur et, souvent, reprendra sa place, son travail ou même son poste dans l’administration. Mais, en l’an 439 a.V. (après le Vivant), il nait un enfant excédentaire, qui n’a pas d’incode et sera appelé Zéro.

 

C’est la vie de cet enfant, comment il sera mêlé à une nouvelle crise et deviendra le Prophète d’une nouvelle religion que nous raconte ce livre. D’abord l’enfance de Zéro, mêlé aux Corrigés, c’est-à-dire aux enfants qui expient, génération après génération, les éventuels crimes de leurs prédécesseurs, puis son admission dans le Comité des Huit, supposé gouverner le monde, et ce qui s’en suivra....

 

Je dois dire que j’ai eu l’impression qu’il manque, par moments, des explications à certains passages à l’épisode suivant et que la fin est un peu rapide, voire incohérente. Mais j’ai, surtout, jugé mal prise en compte l’étendue des différences dans le raisonnement que les post-humains, qui disposent de plusieurs niveaux de pensée et d’une vie en réseau, devraient présenter. En fait, Anna Starobinets a négligé l’importance de la Singularité dont elle prétend nous présenter le résultat et est tombée dans le piège annoncé par Vernor Vinge : présenter des personnages dont les motivations devraient nous être étrangères. A la limite, seul le héros, privé d’accès aux autres « strates », pourrait avoir une pensée exprimable dans notre langue. Et son histoire, seule, nous serait compréhensible. Ce qui, d’ailleurs, ferait de lui non un véritable acteur du drame, mais un simple témoin un peu idiot d’une histoire de bruit et de fureur...

Mais toute cette réflexion perd sans doute de vue le fait que le roman, paru chez Mirobole en tant que « littérature pour jeunes adultes », se veut d’abord une vision des dangers des mondes virtuels et une satire d’une société qui se voudrait parfaite, accessible à des non-découpeurs de cheveux....

 

Nominé pour le GPI 2015, ce roman a donc été sélectionné aussi pour le Prix Une Autre Terre. Il le mérite.

 

Le vivant, par Anna Starobinets, traduit par Raphaëlle Pache, Mirobole éditions, 2015, 475 p., 22, ISBN 979-1-09214541-0

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