Vinyan

Soumis par Josèphe Ghenzer le lun, 06/10/2008 - 20:51

Réalisateur:

Passeport pour l’Enfer

Voyage au-delà des vivants

Jeanne et Paul Bellmer se sont installés en Thaïlande après que le tsunami dévastateur de 2004, qui a endeuillé le pays, ait emporté leur fils Joshua. Le corps de leur enfant unique n’ayant jamais été retrouvé, Jeanne refuse d’accepter l’évidence, préférant se persuader que Joshua est toujours en vie et a été enlevé par des inconnus dans le chaos qui a suivi la catastrophe.
Traumatisé par cet épouvantable drame, le couple s’enfonce inexorablement dans le désespoir jusqu’au jour où au cours d’une soirée caritative, organisée dans le but de récolter de l’argent pour les victimes du tsunami, à laquelle ils assistent, on projette un documentaire montrant des camps de réfugiés où ont été regroupés des orphelins à la frontière birmane. Jeanne est persuadée y reconnaître en arrière-plan son fils. De son côté, Paul est beaucoup plus sceptique mais, par amour pour sa femme, il se laisse convaincre de se rendre sur place avec l’aide de la pègre locale moyennant finances. Après de nombreux déboires, ils finissent par se perdre dans la jungle birmane où survivent d’étranges enfants, livrés à eux-mêmes, qui ont un comportement menaçant.

La horde sauvage

L’idée de Fabrice Du Welz consiste, cette fois-ci, à plonger un couple de culture occidentale (Jeanne est Française et Paul est Anglais) qui refuse la mort de leur enfant unique dans une partie du monde où la mort est considérée comme étant seulement la continuation de la vie. Cela lui permet ainsi de jouer sur le choc des cultures et l’incompréhension du couple face à ce à quoi il va être confronté au milieu de la jungle birmane où ils se retrouvent perdus alors qu’ils sont déjà complètement déboussolés par la disparition tragique de leur enfant unique.
Lancé dans une quête aussi vaine et qu’inutile, le couple au bord de l’implosion se met en danger de façon inconsidérée et stupide en faisant aveuglément confiance à des membres peu scrupuleux de la pègre locale pour tenter de retrouver la trace de leur fils. Tout d’abord drame humain puis film d’aventures, Vinyan plonge ensuite dans l’horreur avec la présence au cœur de la jungle birmane d’un groupe d’enfants, livrés à eux-mêmes (sorte de “horde sauvage”), qui n’ont plus rien d’humain dans leur agissements. Cette dernière partie s’oriente alors bizarrement vers le cinéma expérimental en raison du parti pris avec lequel Du Welz a décidé de nous la montrer en accumulant moult effets de style visuels au détriment du scénario. Du coup, la dernière partie fantasmagorique manque singulièrement de fond, compte tenu de la folie dans laquelle s’enfonce le personnage de Jeanne. Reste alors, au final, la performance d’Emmanuelle Béart qui s’est littéralement immergée dans son rôle de mère déchirée par la souffrance engendrée par la perte de son enfant unique.