Vertige
Peur primale
Mortelle randonnée
Histoire de se retrouver ensemble et de s’octroyer un peu de bon temps en plein air, un groupe d’amis, composé de deux couples (Fred et Karine, Chloé et Loïc), part en Croatie afin de faire une via ferrata (escalade à mains nues en haute montagne sur des parois préalablement équipées de câbles et d’échelles fixées). Loïc est novice en la matière et sujet au vertige mais il a accepté d’accompagner les autres uniquement pour faire plaisir à sa petite amie Chloé, qui se remet difficilement d’un récent échec professionnel (elle travaille à l’hôpital en tant qu’interne en médecine et elle n’a pas réussi à sauver un enfant qui y avait été conduit en urgence et est mort dans ses bras).
Guillaume, l’ex de Chloé, se joint à l’expédition à la dernière minute dans l’idée de tenter de renouer avec la jeune femme dont il est toujours épris. Après leur séparation, il avait préféré partir vivre à l’étranger et ne lui avait plus donné signe de vie pendant plusieurs années. Fred et Karine sont, quant à eux, des alpinistes aguerris. Malgré le danger encouru, Fred n’hésite pas à entraîner les autres sur une voie qui a été interdite à l’escalade. Il ne prendra réellement conscience de la gravité de son erreur de jugement et de la stupidité de son acte que lorsqu’il sera malheureusement déjà trop tard.
Quelque temps après le début de leur escalade, l’écroulement d’une passerelle les empêche de pouvoir rebrousser chemin et les oblige à aller systématiquement de l’avant. Peu après, c’est au tour de plusieurs échelons d’une échelle fixés dans la paroi qui se descellent, précipitant Loîc puis Guillaume dans le vide, les deux hommes n’étant alors plus retenus que par une simple corde. Fred et Karine n’ont alors que très peu de temps pour escalader la falaise afin de pouvoir hisser depuis son sommet leurs amis dont la vie ne tient plus qu’à un fil (enfin une corde !). Les choses se compliquent encore lorsque Fred pose malencontreusement son pied dans un piège à loup. La nuit arrive, la pluie fait son apparition avec le froid qui l’accompagne, la tension monte, les reproches fusent et les dissensions apparaissent dans le groupe qui est complètement perdu en pleine nature. De plus, Fred a mystérieusement disparu et il devient évident qu’un mystérieux inconnu les a pris en chasse et les traque comme du vulgaire gibier.
Courage, fuyons
Vertige est clairement scindé en deux parties : la 1ère œuvrant dans le registre du film d’aventure catastrophe (comme Cliffhanger ou Vertical Limit), la 2ème dans celui du survival horrifique (comme La Colline a Des Yeux ou Détour Mortel) dont on retrouve ici tous les ingrédients du genre (un petit groupe de personnes qui se retrouve isolé au cœur d’un environnement hostile puis pourchassé par un monstre dégénéré et cannibale qui décore les murs de sa cabane avec le crâne de ses infortunées victimes en guise de trophée de chasse. Livrées à elles-mêmes, elle ne peuvent compter sur aucun secours extérieur pour se sortir du cauchemar éveillé dans lequel elles sont plongées).
Dès que les problèmes commencent et confronté à cette situation extrême, chacun des protagonistes de l’histoire ne tarde pas à dévoiler au grand jour la face cachée de sa personnalité (ressentiment, jalousie, égoïsme, lâcheté, …). C’est le comportement des “victimes” et leur choix qui va contribuer à ce que leur situation se dégrade encore un peu plus. Au contact du “monstre”, la peur primale des “proies” prend le dessus et leur instinct de survie finit même par leur faire commettre des actes inqualifiables. Certains personnages lâches et/ou manipulateurs n’hésiteront d’ailleurs pas à en profiter, lorsque l’occasion s’en présentera, pour se débarrasser de leurs rivaux et pour régler leurs comptes dans la foulée.
Outre la large part accordée à la psychologie de ces cinq personnages aux prises avec l’horreur absolue, l’autre atout du film est incontestablement l’aspect spectaculaire de sa 1ère partie entièrement tournée en décors naturels, sans aucun fond vert, ni trucage numérique, ni rajout d’effets spéciaux. Les acteurs se retrouvent vraiment suspendus à de minuscules pitons plantés dans la paroi de falaises abruptes à plusieurs centaines de mètres de hauteur avec un vide vertigineux au-dessous d’eux (c’est ainsi que pour l’impressionnante scène de la passerelle, cette dernière faisait 85 mètres de long avec 200 mètres de vide en dessous). En outre, comme le film a été tourné en format Scope et que la caméra nous offre aussi souvent des prises de vue en plongée et/ou en contre-plongée, le spectateur a droit, en prime, à un grand réalisme et à la sensation de vertige garantie. A cela s’ajoute la grande qualité des maquillages spéciaux du personnage d’Anton, le boogeyman de l’histoire. Pour son 1er long-métrage, Abel Ferry s’en sort largement avec les honneurs même si le film n’est toutefois pas exempt de quelques défauts.
Vertige
Réalisation : Abel Ferry
Avec : Fanny Valette, Johan Libéreau, Raphaël Lenglet, Nicolas Giraud, Maud Wyler, Justin Blanckaert
Sortie le 24 juin 2009
Durée : 1 h 24