Vengeance sur pellicule

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Simon Crane, le meilleur ami et collègue de Jeff Fergusson, est retrouvé mort, abattu dans une ruelle sordide. Alors que les soupçons se portent sur le détective, Susan, l’épouse de Simon avec qui il entretient une relation adultère, lui avoue qu’elle est coupable du meurtre. Incapable de la dénoncer, Jeff la laisse s’enfuir à Hollywood, où elle rêve de devenir une grande actrice sous la coupe d’un patron de la pègre.

Quinze ans plus tard, Fergusson est appelé par le nouveau chef de la police, pour identifier un corps. Il s’agit de Susan, assassinée dans une chambre d’hôtel minable, avec pour tout indice sa carte de visite dans son manteau. Qu’est-ce qui a pu motiver son retour à Résilience, et pourquoi après tant d’années de silence ? Tous les éléments semblent se liguer contre Fergusson. Une seule chose est certaine, elle cherchait à le contacter.

Le détective n’a guère le choix : il va falloir qu’il replonge dans son passé pour trouver le coupable du présent…

 

Après Diamants sur macchabéesVengeance sur pellicule de Michael Fenris est le deuxième titre des enquêtes de Jeff Fergusson, le flic de Résilience devenu détective privé, que j’ai été ravie de retrouver dans une nouvelle histoire. Si j’avais corrigé le premier lors de sa parution initiale en autoédition, je remercie Mark Zellweger et les Editions Eaux troublesqui l’ont ensuite éditéde m’avoir permis de lire ce deuxième opus.

Michael Fenris est un auteur très prolifique qui excelle dans de nombreux genres. Il est surtout connu pour ses thrillers mâtinés de fantastique qui le font surnommer parfois, et à raison, le King français, mais il écrit aussi de l’horrifique, de la SF et des nouvelles bien noires. Ici, nous avons affaire à du polar. Du pur polar à l’ancienne, à l’américaine, celui qu’on visualise en noir et blanc, avec de grosses cylindrées pétaradantes, des rades enfumés, de jolies pépées, d’énormes bastons et des règlements de comptes entre gangsters en costard rayé, tout ça sur fond de saxo et de jazz afro-américain. Moi ça me rappelle la série Mike Hammer. Pour Michael Fenris, l’univers qu’il décrit est certainement plus proche de celui entourant Harry Bosch, personnage fétiche de Michael Connelly, auteur qu’il admire énormément et auquel il doit son pseudo. Vengeance sur pellicule, comme le précédent, fourmille de petits détails qui montrent l’attachement tout particulier qu’éprouve l’auteur pour cette période et ce genre, que ce soient les armes, les voitures, les whiskies et bourbons de connaisseurs, et bien sûr, la musique.

Point commun à tous ses romans, et ce, dans n’importe quel genre qu’il aborde, l’écriture est très cinématographique, les descriptions extrêmement soignées, grâce à un vocabulaire choisi et percutant, les dialogues crédibles, les personnages confondants de naturel. Qu’ils soient bancals, abîmés, faillibles, bons ou mauvais, parfois les deux, parfois ni l’un ni l’autre, ils sont résolument humains. Et puis il y a l’humour et le sens de la formule, omniprésents, particulièrement dans cette série.

 

Il a enfilé un costume gris sombre qui lui va aussi bien qu’une robe de bal à un réverbère…

(…) Coolidge junior (…) pèse chacun de ses aliments scrupuleusement. Avec sa ration alimentaire mensuelle, je tiens deux jours et on me retrouve desséché au fond de mon appartement.

 

L’intrigue en elle-même est fort bien huilée. Tout y est : l’enquête menée tambour-battant, l’action qui donne de l’intensité, des passages un peu plus intimistes et un zeste d’amour (c’est quelque chose que l’auteur n’oublie jamais, et ce n’est pas pour me déplaire), des fausses pistes et des retournements de situation et même une fin surprenante à laquelle je ne m’attendais absolument pas.

Une réussite encore une fois pour cet auteur qui ne me déçoit décidément jamais.

Parue sur Beltane (lit en) secret.

 

Vengeance sur pellicule, Michael Fenris, Eaux Troubles, 19.00€

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