Troupe d'élite

La cité de la violence

La recrue

En 1997, diverses milices armées liées au trafic de drogue ont pris le contrôle des favelas de Rio où elles y font régner leur propre loi. Rongée par la corruption, la police n’intervient même plus sur le terrain préférant de loin faire appel au BOPE (Bataillon des opérations spéciales de police), une unité de forces d’élite aux méthodes expéditives qui se retrouve, du coup, livrée à elle-même dans sa lutte sans merci contre les trafiquants mais, au fil du temps, il leur devient de plus en plus difficile de distinguer le Bien du Mal ou de faire la différence entre l’application stricte de la justice et leur désir personnel de vengeance.

Nascimento, le capitaine du BOPE, est en pleine crise existentielle : en plus de devoir risquer sa vie chaque jour sur le terrain, il lui faut maintenant choisir puis former son successeur parmi les nouvelles recrues. C’est son seul espoir de pouvoir enfin quitter cette vie de violence afin de couler des jours heureux auprès de son épouse qui s’apprête à donner naissance à leur premier enfant. Parmi les recrues de la police militaire de Rio qui postulent pour intégrer les troupes d’élite du prestigieux BOPE figurent Neto et Matias, deux amis d’enfance aux tempéraments opposés mais complémentaires : l’un est un tireur d’élite tandis que l’autre refuse de transiger sur ses idéaux. Ils se retrouvent en compétition pour décrocher le poste et si, à eux deux, ils seraient parfaits pour y arriver, séparément, il n’est pas du tout sûr qu’ils puissent s’en tirer vivants.

La corruption

Dans la moiteur crépusculaire de Rio, Troupe D’Elite nous décrit par le menu détail le quotidien des membres du BOPE qui, au cours de leurs interventions musclées dans les favelas, tentent de briser la loi des cartels avec les moyens (plus ou moins licites) du bord. C’est le premier film brésilien à traiter ce sujet du point de vue des forces de l’ordre. Pour cela, José Padilha a choisi l’option “cinéma vérité” (le scénariste Rodrigo Pimentel a passé 19 ans comme officier dans la police brésilienne puis comme capitaine du BOPE) et a opté pour l’hyperréalisme (parfois même à la limite du docu) ultra violent en filmant caméra à l’épaule en partie au cœur même des favelas et des gangs de dealers qui y font la loi.

Padilha dresse ici un portrait sans concession sur les exactions des troupes d’élite de la police brésilienne qui, partant du principe que la “fin justifie les moyens”,
n’hésitent pas à employer la torture voire même à se livrer à certaines exécutions arbitraires ainsi que sur leurs méthodes particulières de recrutement (auprès desquelles le bootcamp de Full Metal Jacket passerait presque pour un séjour de vacances). Ce portrait social et politique hardcore aborde de nombreux sujets : promiscuité du Bien et du Mal, corruption généralisée à tous les échelons, guerre des gangs qui se disputent âprement leurs territoires respectifs, spirale infernale de la violence aussi bien du côté des gangs que des forces de l’ordre, gunfights sauvages dans les ruelles étroites des favelas au cours desquels parfois même des innocents meurent pour avoir eu la malchance de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Troupe D’Elite s’inscrit à son tour dans la tradition des films engagés qui font depuis quelques années toute la force du cinéma brésilien.

Troupe D’Elite

Réalisation : José Padhila

Avec : Wagner Moura, Caio Junqueira, André Ramiro, Milhem Cortaz, Fernanda Machado, Maria Ribeiro, Fàbio Lago, Fernanda De Freitas

Sortie le 3 septembre 2008

Durée : 1h 55