Trois saisons en enfer

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 

Nous sommes en 2025 au Caire. L’Egypte est coupée en deux, envahie par l’armée des Chevaliers de Malte qui ont mis le pays à terre. Certain sont prêts à prêter allégeance à l’envahisseur, d’autres se contentent d’être passifs, d’autres encore décident de se battre. C’est le cas de l’ex colonel Ahmed Otared, ancien officier de police qui ne supporte pas l’humiliation de la défaite. Approché par des représentants de la résistance, il se voit d’abord confier la mission de snipper sur les membres de l’armée ennemie et de ses sympathisants. Mais très vite, ses ordres évoluent. Envoyé dans la zone occupée, il découvre une autre facette de la dure réalité, où les Egyptiens se livrent à divers trafics entre drogue et prostitution, s’entretuent sans raison ou se suicident. Désormais, Otared a pour but de tuer ses semblables, trop passifs au goût de ses supérieurs, qui espèrent ainsi provoquer le sursaut de révolte nécessaire afin de venir à bout de l’envahisseur…

Âpre, dur, hallucinant, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce roman dystopique de l’auteur égyptien Mohammad Rabie. Autant le dire de suite : Trois saisons en enfer n’est pas un livre facile, qui découragera sans doute certains lecteurs. Partant d’une idée improbable, l’armée des Chevaliers de Malte surentraînée et suréquipée, il décrit avec un réalisme cru les travers d’un conflit, entre révolte, passivité et collaboration. A travers les propos du principal protagoniste, Otared, nous assistons à une débauche de violence, parfois suggérée, parfois directe, entrecoupée de longs passages où le personnage s’interroge sur lui et ses semblables et sur la nécessité de son « travail ». Heureusement, quelques passages plus optimistes surnagent dans le récit, en particulier lorsque Ahmed Otared sauve de la prostitution une femme, Farida, ni la plus jeune, ni la plus belle, mais celle dont il se sent la plus proche, peut-être parce qu’elle aussi a souffert.

J’avoue avoir eu du mal à terminer le roman et m’y être repris à plusieurs reprises pour l’achever. Jamais je ne serai parvenu à entrer tout à fait dans l’histoire comme je le pensais jusqu’au premier tiers. Si la violence est effective, ce n’est pas elle qui m’aura le plus gênée, quoi que certains passages sont malsains, mais ce sont plus les longs passages verbeux qui m’ont fait décrocher, au point que je me suis surpris à sauter parfois plusieurs pages pour accélérer la lecture. Ceci est d’autant plus dommage que l’auteur possède un style d’écriture assez puissant et captivant, et qu’il m’a été difficile par moment de poser le roman. C’est finalement une sorte de chaud et froid qui me fait penser que je suis peut-être passé à côté du récit.

Je remercie les éditions Acte Sud pour leur confiance et pour m’avoir permis de découvrir indiscutablement un livre qui sort des sentiers battus.

Mohammad Rabie - Trois saisons en enfer - Editions Acte Sud /Simbad - février 2021, 22,80 €

Type: