Toxique

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Janvier 2016. La directrice d’une école maternelle de la banlieue parisienne est retrouvée morte dans son bureau. Dans ce Paris meurtri par les attentats de l’hiver, le sujet des écoles est très sensible. La Crim dépêche donc Tomar Khan, un des meilleurs flics de la Crim, surnommé le Pitbull, connu pour être pointilleux sur les violences faites aux femmes. À première vue, l’affaire est simple. « Dans vingt-quatre heures elle est pliée », dit même l’un des premiers enquêteurs. Mais les nombreux démons qui hantent Tomar ont au moins un avantage : il a développé un instinct imparable pour déceler une histoire beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît.

 

Apprécié ou pas, le pape de la Griffe Noir, le bondissant Gérard Collard décide, peu ou prou, chaque année d’adouber un auteur (ou une auteure) de polar et de le porter sans complexe sur les fonts baptismaux du succès populaire. « Prescripteur de tendance » comme on dit aujourd’hui dans les milieux autorisés, le sieur Collard rate peu souvent sa cible… du moins commercialement. Est-ce à dire qu’il possède un goût sans faille ? Il faut lui reconnaître un sens de la lecture « populaire ».

 

Avec Niko Tackian dont il a entrepris apparemment de sculpter la réussite durant cette année 2018, avouons qu’il aurait pu miser sur un plus mauvais cheval.

Toxique vient de paraître en poche et c’est un excellent moyen d’entrer dans l’univers de cet auteur dont le professionnalisme, l’inspiration et le style sont rarement pris en défaut. Sur base d’une intrigue plutôt classique, il construit une galerie de personnages convaincants, dont les faiblesses sont attendues… mais pas pour autant éculées. Entre l’enquêteur rongé par ses actes passés, les seconds rôles distribués avec soin et un assassin qui s’éloigne un peu des sentiers battus, la lecture de Toxique est rapide, enlevée et tendue.

 

Côté obscur, certaines scènes semblent tout droit sorties d’un scénario de polar du dimanche soir et un événement en particulier, mettant en scène l’antagoniste du roman, provoque certes une forme perverse d’hilarité, mais soulève trop de questions quant aux conséquences d’un acte trop rapidement éludé.

Ajoutons encore que par moment, l’auteur n’hésite pas à employer des procédés tout droit sortis des meilleurs romans de terreur et ces moments d’écriture sans concession font souffler un air délicieusement fétide sur une enquête plutôt carrée.

 

Toxique par Niko Tackian, Le Livre de Poche

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