Tous les deux

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Avant de détailler mon avis, je tiens à remercier les éditions Michel Lafon pour l’envoi de ce service presse. Il fut pour moi difficile d’adhérer au premier abord au rythme du roman, mais au fil des mots, j’ai pu m’identifier aux personnages et investir complètement mes émotions.

 

À trente-deux ans, Russel Green a une vie de rêve : une carrière brillante dans la publicité, une maison sublime à Charlotte en Caroline du Nord, une adorable petite fille de six ans et surtout une femme exceptionnelle, Vivianne, qui est le centre de son monde. Mais cette merveilleuse façade se craquèle le jour où Vivianne part soudainement et qu'il perd son travail. Désarmé, Russel doit apprendre à composer avec sa nouvelle existence et à élever seul sa fille, devenant pour elle tour à tour chauffeur, cuisinier, infirmier, compagnon de jeu... Submergé de chagrin, il se jette dans ce combat quotidien. L'amour inconditionnel qui le lie à sa fille lui redonnera-t-il goût à la vie ? 

 

Tous les deux nous présente l’évolution d’une relation père-fille. Le père, Russel, d’abord travailleur investi et subvenant aux besoins de sa famille, se voit obligé de quitter son travail et prend peu à peu la place dite « de la mère ». Les rôles pré-désignés sont échangés, entraînant le lecteur dans une ambiance plutôt ironique dans un premier temps.

Le parcours de Russel nous est décrit, du début à la fin, avec beaucoup de minutie. Nous comprenons et investissons le personnage, qui évolue et travaille sur ses mécanismes de pensée au fil des pages. En effet, en se mettant à la place de la mère, il investit des tâches qui ne lui étaient pas familières d’abord et a l’occasion de mieux connaître sa fille, de développer avec elle des liens plus forts et plus familiers.

 

On découvre alors par les yeux du père les qualités et défauts de London, la jeune fille. Par ses yeux, l’amour nous apparaît et nous englobe. London n’est pas un personnage principal en soi : je dirais plutôt d’elle qu’elle est le centre des autres protagonistes. D’ailleurs, sa mère, Vivian, agit (presque) seulement en pensant aux conséquences probables pour sa fille.

 

Voici un autre point à aborder : les personnages secondaires et la manière dont le lecteur les perçoit, eux et leurs actes.

Il est vrai que si London apparaît comme une petite fille touchante et précieuse, ce n’est pas le cas de tout le monde. Notre regard passe essentiellement par les yeux du père et cela comporte quelques inconvénients. Vivian a certainement fait défaut dans certains actes passés ; elle apparaît quand même comme seule fautive dans la dégradation du couple. Or, dans la vie et dans ce livre qui se veut réaliste, ce n’est pas monnaie courante. Russel lui-même fauche notre impartialité par son manque de confiance en lui ou, tout simplement, par la manière dont il se perçoit et dont il perçoit les comportements et les actes de ses proches.

 

En bref, cela peut être utile à l’attachement porté au père, mais fait défaut lorsqu’il s’agit d’essayer d’analyser le comportement d’autres protagonistes.

 

J’ai mentionné plus haut un problème d’adhésion au rythme du roman. Il est vrai, comme ce que j’ai expliqué pour le quotidien de Russel, que les événements, les émotions et les petits détails de la vie sont expliqués de long en large. Passant de la réalisation du petit-déjeuner le matin aux flash-backs parsemés ici et là qui nous permettent de mieux comprendre les ressentis des protagonistes : tout est minutieusement contextisé et la réalité est décrite, intensément.

Il est notable que ces descriptions ne sont pas toujours nécessaires et freinent, voire ennuient, le lecteur. Heureusement, plus loin, un événement perturbateur accroche l’attention de celui qui parcourt les pages et les lignes défilent alors plus rapidement.

 

J’explique POURQUOI toutes ces lenteurs valent finalement le détour.

J’avais depuis longtemps avoué mon admiration pour l’auteur, Nicholas Sparks, que je n’avais alors découvert que via les films adaptés de ses œuvres. J’avais remarqué ce point chez lui : le fait de décrire une histoire banale et finalement la transformer en une péripétie touchante et réellement, indubitablement, émotionnellement difficile, via un élément perturbateur, .

Car Nicholas Sparks est un auteur qui sait cerner la psychologie humaine, la décrire et l’expliquer à tout public, prendre le cœur du lecteur et lui donner une raison de battre.

 

Après un mois de lecture lente et complexe, j’ai au final versé plusieurs larmes et trouvé ce livre beau, tout simplement. Beau, parce que la vie est belle, via ses épreuves et l’amour qui les combat, au quotidien.

 

En résumé, ce premier roman où je découvre la plume de l’auteur m’a d’abord laissée dubitative, mais a finalement su trouver une  place dans mon cœur. Une fois les longueurs descriptives derrière moi, les émotions m’ont envahie et les mots se sont envolés très vite, si vite que la fin s’est bientôt imposée à moi comme une petite déchirure. Je conseille ce roman aux adolescents et adultes qui n’ont pas peur d’une réalité fortement décrite, et qui aimeront savourer ce texte pour sa vraisemblance psychologique touchante et bluffante.

 

Tous les deux, par Nicholas Sparks, éditions Michel Lafon, juin 2017, 544 pages, 9782749931333, 18,95€

Lien vers la chronique de blog : http://honey-money.weebly.com/chroniques/tous-les-deux

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