Tireur d'élite

Réalisateur: 

L’enfer du devoir



Un tueur pour cible

Tireur d’élite émérite du corps des Marines, Bob Lee Swagger s’est couvert de gloire à de multiples reprises sur différents fronts jusqu’au jour où une odieuse trahison de la part de ses chefs a coûté la vie à son partenaire et meilleur ami, ce qui l’a conduit à quitter l’armée et à se retirer du monde. Depuis lors, il a choisi de vivre en reclus dans un chalet isolé au sommet d’une montagne quasi inaccessible, pensant ainsi avoir définitivement tourné la page avec son passé. Toutefois, lorsque le Colonel Isaac Johnson vient le relancer jusque chez lui pour lui demander, une fois encore, son aide afin de déjouer un complot imminent ayant pour cible le Président des États-Unis, il lui est impossible de se dérober à son devoir. Alors qu’il est persuadé œuvrer pour protéger son pays, il tombe en réalité, tête baissée, dans un piège diabolique ourdi dans les plus hautes sphères du pouvoir afin d’empêcher, par tous les moyens, que ne soit dévoilé au grand jour un terrible génocide qui s’est déroulé quelques temps auparavant en Afrique. Accusé à tort de tentative d’assassinat sur la personne du Président des États-Unis, Swagger est impitoyablement traqué sans relâche à travers tout le pays non seulement par tous les services de police et le FBI mais aussi par les hommes de main des commanditaires du complot qui veulent l’éliminer afin de l’empêcher de parler.



L’ivresse du pouvoir

Le Héros (avec un grand “H”) est ici l’archétype du genre. Malgré tout ce qui lui arrive en l’espace de seulement quelques jours, Swagger reste imperturbablement un véritable “homme d’honneur” doublé d’un pur idéaliste. Blessé tant moralement (des hauts gradés viennent de le trahir pour la 2ème fois) que physiquement (il vient de se prendre deux balles dans le corps), il va lui falloir déployer toute la panoplie de ses innombrables ressources pour survivre, restaurer son honneur bafoué et déjouer le plus machiavélique des complots afin de sauver son pays (cela fait beaucoup pour un seul homme). C’est un individu entier qui refuse tout compromis et qui a pour adversaires une bande d’hommes d’affaires cyniques persuadés que l’argent peut tout acheter, des hauts gradés manipulateurs et des politiciens peu scrupuleux pour lesquels l’ivresse du pouvoir passe bien avant la vie de n’importe quel être humain. Pour ce héros intransigeant, il y a le Bien, d’un côté, et le Mal, de l’autre, tout est noir ou blanc sans aucune nuance de gris possible.


Alors qu’il est pourtant clair que l’intention de départ de l’intrigue est de vouloir démonter les arcanes du pouvoir et d’en dénoncer certaines pratiques occultes, cela ne fonctionne pas du fait d’un trop grand manichéisme. En outre, il est vraiment difficile de croire que le héros puisse céder à l’appel du Colonel et rempiler après le sale coup que lui avait fait auparavant sa hiérarchie puis se laisse ensuite si facilement piéger alors qu’il a justement été tout spécialement entraîné pour qu’aucun détail ne lui échappe et qu’il est, de plus, le meilleur dans sa spécialité. En outre, le mélange volontairement fait dans le scénario entre les constantes références à l’assassinat de JFK avec toutes sortes de similitudes avec le piège tendu ici au héros qui sert, comme par hasard, de bouc émissaire pour masquer la réalité des faits avec des histoires de génocide en Afrique est plus que déroutant car on a parfois l’impression d’être dans deux intrigues complètement différentes.

Le film surfe sur la vague du thriller politique parano, très en vogue dans les années 70, et Antoine Fuqua nous livre, comme à son habitude, une mise en scène brillante qui décoiffe. Tireur D’Élite nous offre de nombreuses scènes d’action spectaculaires dans toutes sortes de décors (allant des rues de grandes métropoles comme Washington, Philadelphie et Baltimore aux paysages désertiques de montagnes et aux sommets de glaciers enneigés de la Colombie Britannique en passant par des flash-back se déroulant en Afrique), de multiples affrontements armés agrémentés de quelques belles courses-poursuites à pied et en voiture, un complot diabolique, un parfum de corruption dans les hautes sphères du pouvoir, sans oublier son lot de rebondissements s’appuyant sur la psychologie et les motivations des différents protagonistes. Si on fait abstraction de l’aspect très “américain” du scénario qui met (très) en avant les thèmes de loyauté, d’honneur et de bravoure, les fans de scènes d’action en auront pour leur argent car Fuqua ne fait jamais dans la demi-mesure. Bienvenue en Amérique, où le gentil gagne forcément et les méchants sont toujours punis (il ne fallait pas s’en prendre à son chien) ! Le film aurait aussi bien pu s’intituler “Le Patriote” ou “L’Idéaliste”.

Shooter - Tireur D’Élite

Réalisation : Antoine Fuqua

Avec : Mark Wahlberg, Danny Glover, Michael Pena, Kate Mara, Elias Koteas, Rhona Mitra, Rade Sherbedgia, Ned Beatty.

Sortie le 18 avril

Durée : 2 h 04

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