There will be blood

Réalisateur: 

Grandeur et décadence



Californie, terre promise

Daniel Plainview, un pauvre mineur, entend un jour parler d’une petite ville de Californie où le sous-sol regorgerait de pétrole. Il décide d’aller y tenter sa chance et part à Little Boston avec son fils H.W., qu’il élève seul. Malgré les réticences de leur fils Elie, la famille Sunday, accepte de vendre ses terrains arides à Plainview pour qu’il y fasse des forages mais à la condition qu’elle puisse continuer à vivre dans leur maison. A force de persuasion, Plainview arrive également à convaincre d’autres familles du coin à faire de même. Après un certain laps de temps et bon nombre de déboires, le pétrole finit enfin par jaillir, récompensant ainsi la pugnacité de Plainview et rendant du même coup la région particulièrement prospère car on y construit maintenant à tour de bras (commerces, école, église, chemin de fer, pipe-line) mais si le pétrole comble enfin les attentes et fait la fortune des habitants du coin, rien ne sera désormais plus comme avant. En effet, les tensions s’intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines (comme l’amour, l’espoir, le sens de la communauté, les croyances, l’ambition et même les relations père/fils) sont mises à mal par la corruption, la trahison et le pétrole.

The lost son

Pendant des années, Plainview s’est sciemment servi de H.W. afin de s’attirer la sympathie des gens en se faisant passer pour un bon père de famille qui élève seul son fils.
Il a toujours su se faire charmeur pour convaincre les autres d’abonder dans son sens et il est prêt à employer tous les moyens nécessaires (que ce soit la tendresse, le cynisme, les explosions de colère ou les menaces, voire même le chantage) pour arriver à ses fins. S’il est désormais devenu un magnat du pétrole et n’a plus aucun problème financier, il a malgré tout bien du souci à se faire. En effet, suite au souffle dévastateur de l’explosion d’un de ses derricks, H.W. est devenu sourd. Du coup, le père et le fils n’arrivent plus du tout à communiquer. Ne sachant plus quoi faire de ce fils devenu désormais une charge pour lui, Plainview l’envoie vivre dans une institution spécialisée à l’autre bout du pays. Alors qu’une grande complicité unissait jusqu’alors le père et le fils, le tragique accident dont a été victime H.W. a complètement et définitivement modifié leurs rapports. H.W. ne pardonnera jamais à son père de l’avoir ainsi lâchement abandonné. De son côté, Plainview considère le comportement de son fils, devenu désormais un adulte, pour une véritable trahison à son égard et dans un accès de colère finit par lui révéler le lourd secret qu’il lui avait volontairement caché tout au long de ces années.

Le prédicateur

Peu de temps après son installation à Little Boston, Plainview réalise qu’il s’est fait un sérieux ennemi en la personne d’Eli Sunday. Dans ce trou perdu où chacun lutte, tant bien que mal, pour survivre, l’unique distraction des habitants du coin consiste à se rendre à l’église.
En dépit de son apparence très juvénile, Eli Sunday est rapidement devenu un prédicateur particulièrement talentueux qui a fini par rassembler autour de lui une congrégation de fidèles particulièrement dévoués à sa cause. Il sait que sa paroisse est menacée par l’arrivée du pétrole et son cortège de richesses. Afin d’arriver à ses fins, Plainview lui a fait à son arrivée de belles promesses bien qu’il n’ait jamais eu l’intention de les tenir et Eli Sunday ne lui a jamais pardonné cette fourberie. Eli Sunday est un jeune homme tourmenté par toutes sortes de conflits intérieurs, écartelé entre un besoin irrépressible d’être aimé par les autres et son aspiration à être un irréprochable homme de Dieu. Son indéniable charisme se révèle au travers de ses longs prêches fougueux et inspirés.

La furie de l’or noir

Paul Thomas Anderson s’est ici inspiré des 150 premières pages du roman “Oil !/There Will Be Blood” d’Upton Sinclair pour écrire son scénario et bâtir sa propre histoire autour de nouveaux personnages dont Daniel Plainview et Eli Sunday.
Au travers d’une fresque réaliste se déroulant en Californie sur une trentaine d’années (1898–1927), il nous dresse à sa façon inimitable le portrait sans concession d’un mineur pauvre et apparemment sans avenir mais qui, guidé par un désir obsessionnel de réussite, va finir par devenir un magnat du pétrole, créant par-là même d’énormes bouleversements qui vont semer le chaos et la zizanie à Little Boston. L’argent ne fait décidément pas le bonheur, le temps passe et Plainview s’enferre de plus en plus dans des relations conflictuelles avec tout son entourage : H.W. (l’enfant qu’il élève comme son fils), Henry (le “frère” inconnu qui débarque un beau jour de nulle part), Fletcher (son fidèle bras droit), Eli Sunday (l’ennemi intime), sans oublier ses nombreux concurrents qui ne lui pardonnent pas son éclatante réussite. Il se sent maintenant menacé de toutes parts et s’enfonce irrémédiablement dans une paranoïa de plus en aiguë. Les certitudes des habitants de Little Boston et leurs “sacro-saintes” valeurs (foi, amour, travail, espoir, famille) vont se heurter de plein fouet au cynisme, à l’ambition, à la séduction et à une corruption à grande échelle. C’est au beau milieu de la nature aride et hostile des paysages désertiques de l’Ouest américain que s’affrontent ici de façon impitoyable les pouvoirs (celui de l’argent et celui de la religion) fondateurs de l’Amérique d’aujourd’hui. Daniel Day-Lewis est littéralement habité par son personnage qui bascule lentement mais sûrement dans la folie (furieuse). Quant à Paul Dano, il excelle tout autant dans son rôle de faux prophète qui joue le prédicateur béni de Dieu.

There Will Be Blood

Réalisation : Paul Thomas Anderson

Avec : Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Kevin J. O’Connor, Ciaràn Hinds, Dillon Freasier

Sortie le 27 février 2008

Durée : 2 h 38

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