Par-delà les murs du monde

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Tape, tape, tape.

Scie, scie, scie.

Cloue, cloue, cloue.

Aie, aie, aie. Bobo à taper sur mes doigts.

Ben quoi ?

Je plante le décor !


Deux planètes perdues au fin fond de l’univers. Deux petites billes insignifiantes et sans intérêt notoire.

L’une, vous et moi la connaissons très bien puisqu’il s’agit de notre chère bonne vieille Terre.

L’autre, Tyree est pour le moins exotique.

Ses habitants : une sorte de raie Manta volante qui ne s’exprime que par la pensée.

Leur monde n’est que vents plus ou moins violents qui leur permettent de se transporter d’un pôle à l’autre. Des couloirs aériens en somme.

Des écouteurs, des êtres plus puissants, psychiquement parlant, sont postés aux pôles.

Leur tâche : écouter l’univers.

De notre côté, des êtres aux dons peu communs subissent des expériences. Ou plutôt, ils participent à des expériences.

Sous le regard tiré à quatre épingles de l’armée, nos cobayes tentent d’entrer en contact par télépathie avec d’autres cobayes enfermés dans un sous-marin.

Sur Tyree, les écouteurs ont entendu un cri d’agonie d’une telle puissance qu’il est parvenu jusqu’à eux en traversant l’espace.

Ils réalisent bien vite que ce cri tourmenté n’est plus ni moins qu’une planète lointaine qui se meurt subitement.

Annihilée avec tous ses habitants par une force plus terrifiante que jamais.

Cette force d’une puissance inouïe et d’une taille gargantuesque n’a cure des états d’âme des mondes qu’elle rencontre.

Elle vogue dans l’espace à sa vitesse. Comme un grand enfant qui cherche ses jouets pour les casser.

Quand elle est attirée par un nouveau monde, elle s’y dirige et l’anéantit en un claquement de doigts.

Un détail insignifiant pour nous, mais qui pour cette entité a de l’importance dans l’instant, l’a fait dévier sa trajectoire.

Son but : Tyree.

Sur Tyree, c’est l’effervescence.

Il faut sauver un maximum d’habitants avant que la planète ne soit plus.

Les écouteurs génèrent un faisceau de pensées qui s’en va droit dans l’espace. Ce faisceau entre en contact avec nos cobayes.

Qu’adviendra-t-il de ce contact entre nos deux espèces ?

D’entrée, je peux dire une chose : Denoël n’a pas son pareil pour dénicher des romans qui outrepassent les codes de la SF.

Écrit de mains de maître ou plutôt de maîtresse, car il s’agit d’une femme et non d’un homme comme pourrait nous induire en erreur le nom de l’auteure, j’ai été subjugué, embarqué par cette planète Tyree.

Par ses habitants qui savent que leur fin est proche et qui luttent pour ne pas sombrer dans l’oubli, mais aussi, de ne pas devenir des monstres.

Tiraillés entre deux factions qui veulent d’une part, sauvegarder coûte que coûte leur espèce et tant pis pour les autres. Donc, les humains.

De l’autre, ceux qui ne veulent pas se transformer en monstres comme ce dévoreur de planètes. Sans âme et dénué de remords.

Ce qui serait en fin de compte la fin de leur croyance et de leur existence au sens moral.

Les idées originales ne manquent pas dans ce roman. En fait, elles foisonnent. A chaque chapitre que j’abordais, une nouveauté me tendait les bras. Et pas des moindres !

Comme cette entité, ce dévoreur de mondes, qui n’a de cesse que sa curiosité.

L’approche faite par l’auteure de son esprit tourmenté par des futilités qui ne se rend même pas compte qu’il extermine en un clin d’œil la population d’une planète entière est exemplaire.

On est bien dans la lignée des livres de SF chère à Denoël.

Le détail qui ne m’a pas échappé. Cette corrélation entre les créatures de James Cameron pour Abyss et les habitants de Tyree.

James « Avatar » Cameron a certainement puisé dans ce roman pour imaginer ses extra-terrestres sous-marins.

Dommage bien évidemment que l’auteure ait connu un destin tragique.

Nous ne pourrons plus goûter et apprécier ses romans d’une haute intensité.

À lire, relire et redécouvrir

Par delà les murs du monde par James TIPTREE Jr., illustrations d’Emmanuel Malin, traduit de l’américain par Elisabeth Vonarburg, Folio

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