Sortilèges de l'ombre (Les)

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L’ouvrage proposé ici est un recueil de nouvelles dont l’ambition est de marier fantastique et Histoire. Se succèdent donc plusieurs nouvelles se déroulant à différentes époques, certaines épousant l’Histoire telle que nous la connaissons, d’autres dérivant vers l’uchronie. Le recueil se termine par un rapide essai sur l’Homme dans le labyrinthe de Robert Silverberg, le comparant au mythe de Thésée. La grande variété du recueil proposé prouve l’éclectisme de l’auteur, qui doit donc maintenant tenir ses promesses.

De l’histoire à l’uchronie

On commence avec l’Histoire d’Hiram le malchanceux qui assiste à l’arrivée d’un être étrange que les mages prennent pour un dieu : c’est le début du culte de Mithra, très populaire dans l’Antiquité et fil rouge du début du recueil. Vient ensuite le conte de Dardanus Philopater, bandit des catacombes de Rome. Dardanus est une espèce de Quasimodo, vivant de vols et de rapines, qui a grandi avec les rats après avoir tué son père violent - ça aide à bâtir une âme de brigand -, et dont le peuple des rues se méfie. Il tombe amoureux d’une serveuse nommée Marcia. Mais celle-ci ne tarde pas à lui préférer le beau Caius, jeune patricien frivole qui couche avec elle, avant de l’abandonner. La jeune fille se suicide et Dardanus se vengera de Caius grâce à ses alliés les rats. On remarque ici que l’on n’est pas dans la chronologie historique : l’Empire romain semble avoir triomphé des barbares et ne pas être gagné par le christianisme.

Un ton personnel

L’auteur impose très vite un ton qui dérive vers le doux-amer au fil de ces histoires. L’image des rats de Dardanus dévorant dans la pénombre Caius reste assez prégnante, une fois la lecture terminée. In Cauda venenum nous conte l’histoire de Judith, magicienne de son état, contactée pour guérir une aristocrate romaine de la passion qu’elle éprouve pour un jeune et fatal jeune homme. Si Judith la libère du sortilège, elle ne pourra rien contre cette passion.
L’auteur prend plaisir à créer une ambiance, à captiver son lecteur. Force est de reconnaître que cela fonctionne et on ne peut que souhaiter la publication d’autres ouvrages de Rachel Tanner. Profitons-en pour saluer le projet éditorial des éditions Rivière Blanche, dont le visuel est repris des poches édités par Fleuve Noir dans les années cinquante. Dans tout fan de littérature de fantastique et de science-fiction dort un fétichiste (l’auteur de ces lignes est un dévot de la défunte collection Présence du Futur chez Denoël et comprend donc l’intérêt).

Les sortilèges de l’ombre par Rachel Tanner, préface d’Anne Duguël, 242 pages, Editions Rivière Blanche, 17€

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