Sutures
Toujours très prisé dans les pays anglo-saxons entres autres, l’exercice de la nouvelle reste, en Francophonie, très, voire trop, marginal. Si ces petites histoires font, peu à peu, un discret retour, au travers des publications numériques, les publications de recueils, au-delà des quelques rares expériences « thématiques », ne sont pas légion.
Il est donc heureux de voir débouler, chez Lune Écarlate, jeune maison française particulièrement dynamique tant sur le front numérique, que sur le front de papier, ce « Sutures », dû à la plume acérée et inspirée du Belge Frédéric Livyns.
« Sutures » propose une série de nouvelles courtes, même très courtes parfois, empreintes d’une ambiance fantastique et macabre, dont le sieur Livyns s’est fait une spécialité. Ses maîtres à penser sont Lovecraft, Masterton ou encore Thomas Owen… Et cela se sent. Flics maudits, auteur plongé dans les ombres d’un village maudit, fantômes qui s’ignorent, boucles temporelles, corruption des chairs, bracelet magique… Frédéric Livyns joue avec toutes les conventions du fantastique, pour jeter sur le papier des petites perles aux obsessions récurrentes. Car si les sujets sont divers, on devine que l’auteur, comme tout écrivain qui se respecte, parle surtout de ses obsessions, de ses peurs, de ses interrogations au travers de tous ses personnages. Ici, nulle place pour les grands complots, les charges épiques où le grand barnum des affrontements titanesques. « Sutures » vous propose une plongée dans la terreur à hauteur d’homme et de femme. De délicieux dérapages du quotidien, qui vous laissent un drôle de goût en bouche et une simple question scotchée au fond de la cervelle : « Et si cela m’arrivait, à moi ? ».
« Sutures » a remporté le Prix Masterton 2015, dans la catégorie « Nouvelles », ex-æquo avec « Le jardin des silences » de Mélanie Fazi.
Sutures par Frédéric Livyns, Éditions Lune Écarlate
Ajouter un commentaire