Surveillance

Réalisateur: 

Funny Games



Sexe, mensonges et vidéo

Deux agents du FBI, Sam Halloway et Elisabeth Anderson, arrivent dans une petite bourgade, qui semble perdue au milieu de nulle part, pour enquêter sur une atroce série de meurtres sanglants récemment commis à proximité. Ils s’installent avec leur matériel dans les locaux du petit poste de police local où ils s’apprêtent à recueillir le témoignage des trois victimes ayant miraculeusement survécu au dernier massacre : un policier à la gâchette facile qui vient tout juste de perdre son coéquipier tué dans la fusillade, une junkie complètement défoncée qui a bien du mal à avoir les idées claires et une fillette de huit ans très observatrice mais en état de choc depuis qu’elle a assisté à la tuerie qui a coûté la vie à tous les membres de sa famille. Chacun des trois témoins est interrogé séparément mais simultanément dans des pièces différentes et chaque interrogatoire est filmé en vidéo tandis que Sam Halloway, installé dans une autre pièce, observe les trois écrans et supervise ainsi les interrogatoires à distance, par micro interposé. Il ne tarde pas à rapidement se rendre compte que non seulement les trois témoignages divergent, les uns des autres, mais aussi que chaque témoin donne une version très différente de ce à quoi il a réellement assisté.

Angles d’attaque


Surveillance juxtapose divers éléments à partir desquels le spectateur devra reconstruire la vérité en se basant à la fois sur les témoignages divergents des trois témoins et de ce qu’on veut bien lui montrer à l’écran des crimes antérieurs. Jennifer Lynch prend le parti de nous présenter les différents interrogatoires d’une façon très particulière : le témoin raconte ce qu’il prétend s’être passé et on entend son récit en voix-off tandis qu’on voit à l’image lors d’un flash-back ce qui s’est réellement passé, le spectateur peut alors constater de visu l’importance du mensonge que le témoin est en train de proférer. S’il est évident que les témoins mentent pour se protéger, il reste encore au spectateur à savoir (ou à deviner tout seul) pour quelles raisons il le font. La seule exception à la règle est Stéphanie, la gamine de 8 ans, puisque comme le prétend l’adage “la vérité sort de la bouche des enfants” mais faudrait-il encore que les adultes, trop occupés par leurs propres problèmes, prêtent la moindre attention à ses dires et y attachent, en outre, une quelconque importance. Ces trois différentes visions des évènements s’imbriquent les unes dans les autres comme les pièces d’un puzzle jusqu’au moment où une autre vérité (celle qui est ailleurs !) est révélée au moment du twist final. Les apparences sont trompeuses et tout n’est ici que manipulations (que ce soit celle des images autant que celle du spectateur).

Au fil de l’intrigue, on découvre alors, au fur et à mesure, les malversations commises par les policiers indélicats de la petite ville qui, après avoir trop bu pour tromper leur ennui, s’amusent à racketter les automobilistes, qui ont le malheur de traverser leur localité, après leur avoir tiré dans les pneus. Le pire c’est qu’ils agissent comme cela pas tant pour arrondir leurs fins de mois mais plus pour s’amuser. Quant aux deux tueurs qui sont toujours revêtus d’un bleu de travail et ont le visage masqué, ils massacrent à tour de bras et sans aucun état d’âme d’innocentes victimes choisies au hasard. Ils le font visiblement juste par pur plaisir. Dans ces conditions, il est très difficile voire carrément impossible pour le spectateur d’adhérer à cette incroyable histoire et encore moins de pouvoir s’identifier à l’un ou l’autre des différents protagonistes. C’est également sans parler des invraisemblances du scénario car comment croire que depuis le temps que ces flics rackettent systématiquement tous les voyageurs qui passent par là mais en les laissant toujours quitter leur ville, sains et saufs, aucun d’entre eux n’ait jamais ensuite porté plainte.


Les avis seront très partagés sur le film : soit on aime, soit on déteste. Dans tous les cas de figure, peu de spectateurs resteront indifférents à la façon extrêmement discutable dont le sujet a été traité. En effet, ce n’est pas la violence en elle-même qui pose ici problème mais, bel et bien, la gratuité des actes commis aussi bien par les représentants des forces de l’ordre que par les deux meurtriers. Toutefois, il reste à souligner l’excellence de la prestation de l’ensemble du casting.

Surveillance
Réalisation : Jennifer Lynch

Avec : Bill Pullman, Julia Ormond, Pell James, Ryan Simpkins, Michael Ironside, French Stewart, Kent Harper, Cheri Oteri

Sortie le 30 juillet 2008
_Durée : 1 h 38

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