Solitaire

Soumis par Josèphe Ghenzer le mer, 27/08/2008 - 21:38

Réalisateur:

Peur primale

La rivière sanglante

Peter McKell, un reporter américain blasé qui gagne sa vie en écrivant des articles dans des guides touristiques, se joint à un groupe de touristes pour une petite croisière sur une rivière d’un parc national australien. A peine monté à bord, il se fait mal voir de Kate, le pilote du bateau et guide de la balade, car elle le considère comme un citadin en mal de sensations fortes. En effet, les eaux de la rivière sont infestées de crocodiles.
En fin d’après-midi, alors qu’ils s’apprêtent à faire demi-tour pour retourner à leur point de départ, certains passagers aperçoivent dans le ciel une fusée de détresse, suivie d’une autre quelques minutes plus tard. Etant dans une zone isolée à l’écart de tout, Kate décide d’aller voir ce qui se passe afin de porter secours à ceux qui ont lancé ces fusées, si nécessaire. Au détour d’un méandre de la rivière, ils découvrent une frêle embarcation retournée mais sans aucune trace de leurs occupants. Quelques instants plus tard, suite à une avarie, leur bateau prend l’eau de toutes parts et Kate arrive de justesse à le faire échouer sur un minuscule îlot situé au milieu de la rivière. A peine débarqués, l’un des passagers se fait happer par un gigantesque crocodile. Après quelques instants d’effarement, la panique commence à s’emparer des naufragés car cette rivière a la particularité de voir ses eaux monter dès la tombée de la nuit. Le soleil décline à l’horizon et leur précaire refuge ne va, du coup, pas tarder à se retrouver complètement immergé sous l’eau. Il devient alors urgent pour les survivants de trouver un moyen de gagner la terre ferme au plus vite mais pour cela, il va falloir que certains d’entre eux détournent l’attention du monstre pendant que les autres tenteront de gagner la rivage à la nage, au péril de leur vie. Au petit matin, le héros du jour va se retrouver pris au piège dans un dédale de cavernes souterraines qui servent de garde-manger au monstre où ce dernier a l’habitude d’entreposer sa nourriture humaine, plus ou moins fraîche.

Nuit de terreur

Rien de bien original dans le scénario de Solitaire qui tient dans un mouchoir de poche mais McLean sait incontestablement raconter une histoire et plonger ses personnages dans des dilemmes cornéliens. La terreur viscérale ressentie par les survivants leur fait commettre toutes sortes de folies. Entre ceux qui sont prêts à tout pour sauver leur peau même à commettre les pires atrocités, les lâches paralysés par la peur ou ceux qui sont prêts à se sacrifier pour permettre aux autres de survivre et se découvrent des talents insoupçonnés de héros, on a droit à un échantillon assez significatif des petits travers de la nature humaine.

McLean choisit ici plus de suggérer avec le hors champ que de montrer des attaques en gros plan, privilégiant du coup le drame humain au sensationnalisme gore. Il fait ainsi durer le suspense et le plaisir du spectateur (qui en profite pour faire marcher son imagination) en tardant au maximum à nous dévoiler le monstrueux prédateur qui voit d’un très mauvais œil ces humains qui ont le culot d’envahir son territoire. Mine de rien, Solitaire comporte environ 500 plans d’effets spéciaux. L’impressionnant crocodile, long de 8 mètres, a été conçu par Creature Workshop et il est vraiment impossible de différencier l’animatronique des effets numériques. En outre, l’action se déroule dans des décors naturels de toute beauté qui sont mis en valeur par une superbe photo.

On a beau savoir à l’avance que les naufragés ne peuvent attendre aucun secours avant de nombreuses heures et que, d’ici là, la quasi-totalité d’entre eux auront été dévorés par la monstrueuse créature mais qu’importe on se laisse prendre au jeu car la terreur monte crescendo pour culminer dans la dernière bobine et on savoure avec délectation ce Survival, pur et dur, dans lequel le monstre a des réactions imprévisibles et ne laisse aucun répit à ses proies. Ici, pas de trace d’humour (comme dans The Host) ni de ton décalé (comme dans Lake Placid), la confrontation avec la monstrueuse créature est frontale et brutale. Le résultat final de cette excellente série B est diablement efficace et on en prend vraiment “plein la gueule”.