Solaris n°176

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Philippe-Aubert Côté est “un des auteurs les plus intéressants de la relève de la science-fiction” nous dit Joël Champetier dans son éditorial. Effectivement, nous l’avions déjà remarqué dans le n°168 avec deux textes, l’un purement fantastique, Sa Vie au bout des pinceaux, et un second, Le Premier de sa lignée, authentiquement SF lui, sorte de polar se déroulant dans un monde peuplé d’hommes-animaux. Côté retourne dans cet univers étrange et l’explicite : après l’”hyperchaos”, l’Humanité est remplacée par des créatures semi-animales créées par l’Homme, les néomorphes, lesquelles tentent de refonder la civilisation. Au cours d’une mission dans Moscou, ravagée et ensevelie sous la végétation, une équipe rencontre des mutants mais aussi …des hommes. Une nouvelle longue (54p.), éblouissante, bouleversante à la fin. De la SF à son plus haut niveau.


Le Double d’éternité de Frédéric Vacher reprend le thème de la célèbre nouvelle Art Work de James Blish. Cette fois, l’on n’assiste pas à la résurrection d’un musicien (Richard Strauss, pour Blish) mais d’un peintre, Ernesto Garcia Perez (2080-2178). Ce peintre était le fondateur de l’école ‘sauvegardiste’, spécialisée dans la représentation des beautés d’antan (soit avant le saccage de la Terre). Amoureux de la forêt de Fontainebleau, il y sera, à sa mort, ‘numérisé’ pour l’éternité. Et voici que, soudain, il se réveille dans un lieu inconnu. Un inquiétant “mécène” lui apprend qu’il est sur Mars et qu’il l’a rappelé à la vie pour lui commander un nouveau et dernier tableau. Perez se rend petit à petit compte de la machination et décide de se venger. Un texte concis, brillant, interpellant et qui se termine par une ellipse vertigineuse. La nouvelle de Sean McMullen commence par une de ces “Catch phrases” typiques de la SF et destinées à accrocher immédiatement : “J’étais là quand le dragon est apparu pour la première fois et qu’il a dévoré la tour Eiffel.” L’Art du dragon relate l’apparition subite d’un dragon mangeur d’oeuvres d’art monumentales. Londres, Amsterdam, Moscou, aucune capitale n’échappe à sa voracité. Il finit par s’échouer sur une plage de Melbourne. Est-ce un vrai dragon ou un vaisseau spatial ? Quel est son but ? Est-il mort ? Les questions s’accumulent autour du monstre, tandis que se fonde une nouvelle religion, celle des Dragonistes…

Vu la longueur des nouvelles, ce numéro ne contiendra que deux articles de fond, tous deux fort bien rédigés. L’un, de Marc Ross Gaudréault, sur la célèbre revue pulp Amazing Stories, sa fondation en 1926 par Hugo Gernsback et son évolution jusqu’à sa disparition en 2005. Passionnant bien sûr pour les fans d’histoire de la SF. L’autre, de Mario Tessier, aborde un thème assez original, les langues imaginaires. En conclusion, un numéro d’une qualité et d’une densité exceptionnelles. Il est dédié à l’écrivain canadien Jacques Brossard, récemment disparu. La couverture, fort belle, est signée Grégory Fromenteau.

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