Solar Blast

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8h15 GMT +1 : Le monde s’apprête à entrer dans le chaos. Les retombées d’un souffle sans précédent vont se dérouler dans quelques minutes l’hémisphère nord d’électricité, plongeant la planète dans l’angoisse.

Les réactions d’affiliation s’enchaînent et se déroulent en urgence. À bord du vol Paris-Los Angeles, les jumeaux Laly et Sam apprennent qu’ils vont débarquer avec l’ensemble de l’équipage de l’extrême nord du Canada. Une terre de légendes et de légendes partagées par les communautés Inuit et Cris.

Une terre de glaces et d’aurores boréales où ils vont affronter la Grande Nuit du solstice d’hiver.

Une nuit indienne sans fin dont la légende dit un jumeau doit mourir pour permettre à un nouveau monde de renaître...

 

En lisant le résumé, je me suis dit : ouf, c’est un mélange de genres bien précis. Le concept du roman me plaisait bien, surtout le côté coupure d’électricité. J’étais impatiente de voir comment Delphine Laurent comptait traiter ce sujet, de quelle façon dépeindrait-elle les réactions humaines avec logique et cohérence. Pour mon plus grand bonheur, elle a réussi.

Dès les premières pages, toutes les actions du roman s’enchaînent à une vitesse extraordinaire. Le scénario ne nous laisse aucun répit, sautant d’une narration à l’autre, sans jamais nous perdre. Nous avons deux points de vue que je nommerais « repères » : Helena Mortensen et les jumeaux. D’un côté, nous suivons l’événement avec un regard scientifique, de l’autre nous subissons les conséquences du blast avec deux jeunes adolescents, aux côtés des passagers du vol Paris-Los Angeles qui a dû se poser en urgence.

De temps en temps, l’autrice nous montre ce qui se passe à l’échelle internationale – voire mondiale – en nous offrant de petites narrations diverses, venant de personnages que l’on ne connaît pas du tout, mais qui en disent suffisamment long pour nous faire prendre conscience de ce qui se passe. L’intrigue est envoûtante, à tel point que pendant la première moitié du livre, j’ai été incapable de décrocher les yeux des pages qui tournaient, encore et encore. Du début jusqu’au milieu, je considère que ce roman a été un véritable page-turner ! Par la suite, je suis allée moins vite, parce qu’au fil de la lecture, le scénario s’obscurcit, une sorte de malaise s’installe, et j’avoue que cela m’a un peu perturbée au début. Quelque chose se tramait et j’avais peur de savoir ce que c’était, si ça concernait la fin du résumé ou non, de quelle façon l’autrice allait mettre cette partie de l’histoire en place…

 

Franchement, son histoire m’a impressionnée. Elle questionne l’humanité toute entière, développe une énorme prise de conscience (Que sommes-nous sans électricité ? Sommes-nous toujours des Hommes ? Allons-nous nous entraider ou, au contraire, en profiter pour laisser le pire de nous-mêmes surgir ? Aider son prochain ou piller et tuer pour survivre ?). Le plus effrayant, avec ce roman, c’est que tout ce qu’on y lit pourrait se réaliser de cette façon. Je pensais que le côté science-fiction serait moins discret, mais ce n’est pas plus mal. J’ai vraiment bien aimé la manière dont l’autrice aborde son histoire, qui aurait pu très bien figurer dans l’anthologie Black Mirror, une série sur Netflix construite selon un schéma similaire, à mi-chemin entre la morale et le malaise.

 

Le plus déroutant reste la plume de Delphine Laurent. Tantôt scientifique, tantôt riche, elle s’avère accessible par sa simplicité déconcertante. La fluidité dont elle se pare capte le regard, donne envie de lire davantage, d’avancer, de dévorer chaque mot et chaque ligne. La seule chose que je lui reprocherais, ce sont les quelques coquilles restantes qui m’ont, à plusieurs reprises, coupée dans mon élan (Ex : « Quand » au lieu de « Quant », « Ballade » au lieu de « Balade », « Pleins » au lieu de « Plein »…). De manière générale, le roman n’en contient pas beaucoup, mais les quelques fautes restantes m’ont malheureusement fait buter plus d’une fois. Néanmoins, cela ne m’a pas du tout dégoûtée de ma lecture, parce qu’en dehors de ça, la plume de l’autrice est fabuleuse, tranchante, hachée ; le genre de plume qu’on recherche et qu’on adore en lisant du Young Adult ! Et puis, ses descriptions suffisent à nous plonger, tête la première, dans ce désert de glace et de froid. J’entendais le moteur des motoneiges, je sentais le froid mordant se refermer autour de tout mon être, je tressaillais au contact des flocons sur ma peau, je humais l’odeur délicieuse des plats préparés par Tuuli et Laly, je voyais une tension vibrante planer tout au long du récit… Happée par la plume, happée par l’univers.

 

En ce qui concerne les personnages, je dois dire que je suis un peu troublée. L’autrice nous en dit suffisamment pour nous plonger dans son histoire, mais pas non plus assez pour s’attacher à fond aux protagonistes. C’est peut-être l’effet recherché, mais je me suis sentie proche uniquement d’Helena, Laly et, à la rigueur, Matt. Les autres n’ont pas eu une importance suffisante pour que j’y accroche. Après, c’est un roman assez court et qui passe très vite, tant il est addictif. En prenant du recul, j’ai fait ce constat sur les personnages, mais sur le moment, j’ai tellement été prise par l’histoire que je n’y ai pas prêté attention. C’est assez drôle, en fait. L’autrice a réussi à me rendre accro à sa plume, à son univers, à son scénario, mais un peu moins à ses personnages, alors que d’habitude, c’est tout l’inverse. Pour en arriver là, elle maîtrise son sujet. Vraiment, elle le maîtrise ! Et qu’est-ce que c’est divin…

J’ai été subjuguée par sa faculté à doser ses personnages, ainsi que leurs pensées et leurs réactions. Suivre Laly a été très chouette, on sent nos propres émotions se transformer en yo-yo, et la tension ne fait que monter crescendo. À côté de ça, nous découvrons un Matt distant, prenant de la profondeur au fil de l’histoire. J’ai aimé le voir s’ouvrir, comme il l’a fait, ce qui a permis d’en apprendre plus sur ses blessures et celles de Laly en l’occurrence. Concernant Helena, elle a tout d’une femme forte, indépendante et dure, mais terriblement humaine. Elle fonctionne à l’instinct, pour faire ce qui lui semble juste, sans jamais se détourner de son objectif principal. En bref, j’ai surkiffé son personnage, ainsi que l’évolution de sa relation avec son acolyte Niels. J’avoue que je les vois trop ensemble, ces deux-là !

 

Mais, le moment est venu pour moi de fermer ma bouche, sinon j’en dévoilerais beaucoup trop sur les personnages… Et le but, c’est quand même que vous les découvriez tous par vous-mêmes !

 

Et nous en arrivons maintenant au final du bouquin : un final brusque, violent, inattendu ! J’avoue que… je n’étais pas du tout prête ! Cette chronique est garantie sans spoilers, donc ne vous inquiétez pas, je ne vous gâcherai pas la fin, mais… Oh mon Dieu ! Je ne sais pas si je dois bénir l’autrice de m’avoir surprise à ce point ou si je dois l’affubler de noms d’oiseaux… Cette fin est à la fois parfaite, raccord avec le livre, son histoire et ses personnages, mais en même temps… tellement injuste ! Elle restera gravée dans ma mémoire, ça c’est sûr. ​

 

Grosso modo, Solar Blast est un roman Young Adult de science-fiction, dans lequel le monde change radicalement. Doté d’un scénario rythmé et magnifiquement orchestré, ce livre est addictif et se lit tout seul. Le vocabulaire, riche et simpliste, accentue le réalisme des événements sans nous perdre une seconde. Il est tellement d’actualité qu’on ne dirait pas un roman de science-fiction, que je qualifierais pour ma part plutôt d’anticipation… Dans tous les cas, Delphine Laurent a su capter toute mon attention et me toucher avec ses mots. Cette lecture frôle de près le coup de cœur !

 

Lien de la chronique : http://papillonvoyageurbloglivresque.weebly.com/chroniques/solar-blast-d...

 

Solar Blast par Delphine Laurent, SNAG Fiction

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