Sleep Dealer

La vie future

Interdit de séjour

Memo Cruz habite dans un petit village isolé quelque part dans le désert du Mexique. Chaque jour, il accompagne son père qui doit faire des kilomètres pour aller acheter à un prix exorbitant les quelques litres d’eau assurant la survie de sa famille. Ses nuits, Memo les passe, grâce à une radio qu’il a lui-même bricolée avec les moyens du bord, à écouter en secret les conversations échangées par ceux qui ont eu la chance d’aller habiter dans les grandes villes. Le jeune homme rêve de faire comme eux pour avoir une vie meilleure et de quitter son village pour faire fortune en travaillant dans une des usines délocalisées situées près de la frontière où on manipule à distance des robots sur des chantiers se trouvant sur le sol américain.
Repéré à cause de sa radio et considéré à tort par l’Armée comme étant un terroriste, Memo déclenche en représailles une attaque par le biais d’un drone téléguidé qui fait exploser sa maison et tue son père. Rongé par la culpabilité et n’ayant plus nulle part où vivre, le jeune homme s’enfuit à Tijuana, la ville du Futur. Grâce à l’aide de Luz, une jeune femme écrivain qu’il a rencontrée au cours de son voyage, il se fait clandestinement greffer dans son système nerveux les connexions indispensables pour se faire engager dans l’une de ces usines dont il avait tant entendu parler mais la sinistre réalité qu’il va finir par découvrir est bien loin de la vie de rêve qu’il avait imaginée au départ.

L’Amérique des autres

L’action se déroule au Mexique dans un futur proche mais non spécifié et Sleep Dealer, en raison de son contenu, s’apparente nettement plus à un film d’anticipation qu’à un film de science-fiction dans la mesure où ce “futur immédiat” imaginé tente de représenter le monde vers lequel nous pourrions bien nous acheminer dans quelques décennies. Le scénario se base sur divers éléments existant déjà à notre époque (omniprésence de sites communautaires connectés en réseau où les gens s’échangent toutes sortes d’informations, utilisation par l’armée de drones contrôlés à distance pour des missions de repérage ou pour détruire des poches de résistance sans avoir à risquer la vie de leurs soldats, hostilité vis-à-vis des immigrés bien que certaines personnes n’hésitent pas à les exploiter à moindre coût, construction d’un mur destiné à empêcher les Mexicains à franchir clandestinement la frontière avec les USA, etc) et les fait évoluer dans le temps en imaginant de quelle façon ceux-ci pourraient évoluer, en bien ou en mal. Dans ce monde futuriste, les frontières sont désormais complètement hermétiques et les immigrants restent dans leur pays d’origine mais connectent leurs corps à un réseau global leur permettant d’animer des robots qui effectuent le travail à des milliers de kilomètres de là où ils se trouvent.

En se concentrant principalement sur le thème de l’immigration avec un nombre croissant de pauvres gens vivant dans le Tiers-Monde qui aspirent à quitter leur misère pour se rendre dans ce qu’ils pensent être un “Eldorado”, Alex Rivera trouve ainsi une façon détournée de dénoncer un certain nombre de problèmes actuels (mondialisation, délocalisation du travail vers une main-d’œuvre qu’on exploite encore plus tout en la rémunérant bien moins, sophistication de la technologie, accroissement de la pauvreté, problèmes divers liés au réchauffement de la planète, appauvrissement de bon nombre de ressources naturelles, dérives du progrès scientifique qui ne se soucie guère des éventuelles conséquences sur la santé des gens, etc). Malgré ses bonnes intentions louables qui cherchent à dénoncer la politique sociale et économique des USA vis-à-vis des immigrants mexicains, ce 1er long-métrage n’arrive malheureusement pas à convaincre en raison de son scénario, sortant certes des sentiers battus, mais qui reste peu abouti et mal “exploité”.

Sleep Dealer
Réalisation : Alex Rivera

Avec : Luis Fernando Pena, Leonor Varela, Jacob Vargas, Tenoch Huerta, Metztli Adamina

Sortie le 10 décembre 2008

Durée : 1 h 30