Sharko

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« Sharko comparait toujours les premiers jours d'une enquête à une partie de chasse. Ils étaient la meute de chiens stimulés par les cors, qui s'élancent à la poursuite du gibier. À la différence près que, cette fois, le gibier, c'était eux. »

Eux, c'est Lucie Henebelle et Franck Sharko, flics aux 36 quai des Orfèvres, unis à la ville comme à la scène, parents de deux petits garçons.

Lucie n'a pas eu le choix : en dehors de toute procédure légale, dans une cave perdue en banlieue sud de Paris, elle a tué un homme. Que Franck ignore pourquoi elle se trouvait là à ce moment précis importe peu : pour protéger Lucie, il a maquillé la scène de crime. Une scène désormais digne d'être confiée au 36, car l'homme abattu n'avait semble-t-il rien d'un citoyen ordinaire et il a fallu lui inventer une mort à sa mesure.

Lucie, Franck et leur équipe vont donc récupérer l'enquête et s'enfoncer dans les brumes de plus en plus épaisses de la noirceur humaine. Cette enquête autour du meurtre qu'à deux ils ont commis pourrait bien sonner le glas de leur intégrité, de leur équilibre, et souffler comme un château de cartes le fragile édifice qu'ils s'étaient efforcés de bâtir.

 

Faut-il encore parler de Franck Thilliez ? Ce n’est pas là une question rhétorique mais une vraie interrogation qui traverse mon esprit de chroniqueur, chaque année, alors que les ténors du polar à la française nous livrent leur nouvel opus. Faut-il encore parler de Maxime Chattam ? De Patrick Bauwen, de Bernard Minier… Et quelques autres qui, sans coup férir, trustent depuis plus de dix ans les premières places des listes de vente ? La réponse à la question n’est pas évidente. La variété de l’offre n’a jamais été aussi large dans le monde de la littérature et pourtant… l’éclairage médiatique n’a jamais été aussi pointu. Dans les salons, des séances de dédicaces, sur les chaînes des booktubeurs, sur les groupes de discussion créés sur Facebook, la tendance est évidente. Une vingtaine de noms semblent se partager un espace médiatique qui tourne en boucle. Cela n’enlève rien, bien entendu, au talent des auteurs cités.

Avec Sharko, Franck Thilliez fait preuve, encore une fois, d’une maîtrise sans faille de ses outils. Suspense, connaissances scientifiques, analyses fines des caractères, respect du lecteur, solidité de l’intrigue… Il est quasi impossible de prendre le Nordiste en défaut. Son talent est indéniable… même si l’on ne rechignerait pas à voir certains passages un rien resserrés. On est bluffé aussi, par la capacité de l’auteur d’élargir son propos, de partir d’un fait divers local, d’une affaire sordide, pour en développer les ramifications jusqu’aux confins de la jungle de Nouvelle-Guinée.

 

Avec finesse, le roman entre en résonnance avec l’actualité… sans basculer dans les clichés liés à l’extrémisme actuel. Donc, il ne fait aucun doute que Sharko est un excellent millésime. Donc les ventes sont/seront en accord avec la qualité du travail de Franck Thilliez.

 

Reste que, avec une telle réputation, la plupart des têtes de gondoles n’ont peut-être plus besoin d’une mise en lumière aussi systématique. A moins, bien entendu, d’imaginer une seule seconde que les chroniqueurs cherchent, eux aussi, à capter une part de lumière en se consacrant, de façon récurrente, à des signatures déjà installées. Ce que je viens évidement de faire, en vous proposant une chronique du dernier Franck Thilliez. Quand je vous disais que la réponse à la question n’était pas évidente…

 

Sharko par Franck Thilliez, Fleuve Noir

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