Angoisses T1

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Il s’agit de trois reprises de volumes de la collection « Angoisse » du Fleuve Noir : « Le Seuil du vide », « Les Rivages de la nuit », « Le Village de la foudre ». Ces trois « classiques de l’épouvante », dont le premier a été adapté au cinéma en 1971 par Jean-François Davy, sont réédités pour la première fois en version intégrale depuis 1956. Ils fleurent bon le fantastique de cette époque, dans les situations, les personnages, les non-dits. Trois thèmes classiques eux aussi, traités avec rigueur et finesse, mais sans recherche de profondeur et d’originalité que la collection et le public ne demandaient pas : les voleurs de corps et de vie qui vont s’emparer de ceux de la jeune artiste américaine fauchée Wanda grâce à une chambre truquée ; un livre maudit dans lequel serait enfermé contre son gré Cagliostro, et duquel il va essayer de s’échapper en se faisant remplacer ; un village englouti dont les morts lépreux reviennent hanter les vivants du village reconstruit.

Pour l’amateur qui a connu la collection autrefois, même si, comme moi, il n’avait pas lu ces titres là, un agréable retour à ses anciennes lectures. Pour celui qui veut découvrir à quoi ressemblait le fantastique-terreur d’il y a 50 ans, une plongée dans quelques-uns des meilleurs représentants de cette époque. Pour celui qui ne connaît que les vampires modernes d’Anne Rice et de la bit-lib, un charme pas si suranné que cela...

Le deuxième titre, le problème des personnages avalés par un livre, retiendra l’attention de l’amateur de SF (le thème a été maintes fois envisagé à l’aide d’univers parallèles) et du lecteur de Jasper Fforde. Pour ma part, je me pose quelques problèmes sur la conscience d’eux-mêmes que peuvent avoir les personnages d’un roman, et leur éventuel rapport avec le temps des lecteurs. Ont-ils vécu les épisodes antérieurs au début du livre, ou ceux qui s’intercalent entre des chapitres ? Vivent-ils au-delà de la fin ou de l’épilogue, ou sont-ils condamnés à recommencer leur aventure la fois suivante qu’un lecteur entame le livre et, dans ce cas, avec la conscience de la répétition ? Kurt Steiner fait quelques allusions à la conscience de Cagliostro enfermé dans le livre, encore que, en donnant une explication psychanalytique parfaitement valide aux réactions des personnages et, en particulier, au dédoublement de celui qui s’imagine être Cagliostro, il dévie le problème. Ce qui vaut mieux, sachant que Cagliostro n’a pas disparu de façon mystérieuse comme son emprisonnement dans un livre l’exigerait...

Trois livres agréables à lire et dont la réédition doit être saluée. J’attends les suivants...

Kurt Steiner, Angoisses vol.1, postface et biblio comprises, couv. Ladronn (reproductions des couvertures originales en couleur dos de couverture, et en noir et blanc grand format à l’intérieur), 370 p., Rivière blanche Bibliothèque noire n°16

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