Jusqu'aux portes de la vie

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Comme ne le rappelle pas la préface de Gérard Klein, qui cite les autres sources de ce roman, Robert Silverberg a écrit deux nouvelles pour un « univers partagé », celui des « Heroes in Hell », géré par Janet Morris sur la base du roman de Carolyn J. Cherryh Les Légions de l’Enfer. Gérard a parfaitement raison de rappeler que la fascination de Silverberg pour Gilgamesh est antérieure à ces deux nouvelles, puisque le roman de Silverberg, Gilgamesh Roi d’Ourouk, leur est antérieur. Il n’empêche que ces nouvelles constituent les brouillons du présent roman : l’une décrit la rencontre avec Robert Howard et HP Lovecraft, qui constitue le début des pérégrinations du héros dans ce qu’il appelle plutôt l’Au-delà que l’Enfer ; l’autre, qui raconte la rencontre avec Pablo Ruiz (qui ne veut pas être appelé Picasso) et une corrida infernale, est elle aussi reprise dans le roman pour présenter la reconquête de l’Ourouk de l’Au-delà par Gilgamesh. Ceci étant, ce roman part dans des directions totalement différentes de la série de nouvelles et romans de l’univers partagé des « Héros en Enfer ». Malgré quelques rappels, essentiellement dans le début, des problèmes de César dans le roman de Cherryh, et le rappel constant du mépris de Gilgamesh pour l’usage revendiqué par le dit César des progrès scientifiques et militaires, Silverberg a commencé par éliminer Satan et ses démons, personnages importants de l’univers de Cherryh et Morris et, de ce fait, tout l’arrière-plan latino-chrétien du dit univers. L’Au-delà de ce roman est plus impersonnel et non mystique. Le Gilgamesh du roman reprend la vision matérialiste de l’auteur.

Dans cet Au-delà déchristianisé et néanmoins infernal, Gilgamesh recherche de façon répétée Enkidu et, avec celui-ci et quelques autres, il cherche la sortie, la Porte vers la vie, qui le renverrait dans notre monde. Après quelques péripéties inattendues, il finira par la trouver. Et par découvrir assez vite que notre monde actuel ne laisse aucune place pour vivre à des héros, que le véritable bonheur éternel est celui de retourner avec Enkidu chasser dans l’Au-delà.

Pas de réflexion métaphysique dans ce roman, tout juste un très agréable divertissement. Et il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir lu quelques volumes des « Héros en Enfer », ni même le Gilgamesh Roi d’Ourouk de Silverberg, pour l’apprécier. Heureusement puisque ce dernier est difficile à trouver en français et les premiers ne sont pas traduits...

Jusqu’aux portes de la vie, par Robert Silverberg, traduit par Nathalie Zimmermann, Livre de Poche SF, n°7178, 1995, 412p, couverture de Jackie Paternoster, LP 14, ISBN 978-2-25307178-5

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