Veille

Ce roman est la suite d’Eveil et la lecture du premier est absolument indispensable, d’autant plus que le roman ne comporte pas de résumé du précédent. La Conscience virtuelle apparue et que Caitlin a commencé à guider, qu’elle a baptisée Webmind, prend mesure de ses possibilités et apprend à les utiliser avec les conseils de Caitlin, du professeur Kuroda, des parents de Caitlin que celle-ci a mis au courant. Dans le même temps les services de surveillance américains découvrent son existence et vont chercher à l’éradiquer et, afin de la protéger, Caitlin lui propose de se révéler au monde et de devenir l’ange-gardien de tous ceux qui lui demanderont de l’aide... Nous assistons donc à cette montée en puissance progressive de Webmind, et en même temps aux efforts des services secrets pour la détruire, efforts qui, pour l’instant, échouent. Et nous attendons la conclusion de la trilogie...

Aussi bien dans les actions du roman que dans les idées exprimées, on eut avoir l’impression d’une certaine naïveté mais peut-être faut-il lire le roman plutôt comme une manière de présenter, par petites touches qui ressemblent aux pierres d’une mosaïque, images et réflexions sur l’époque récente, voire présente. Le roman est supposé se passer en 2030, mais c’est bien l’histoire récente, jusqu’au moment présent, qui est sans cesse rappelée, prise en exemple, invoquée. Il est, totalement, contemporain. Sous prétexte de présenter demain, il fait le tour d’hier et d’aujourd’hui. On sait que, en fait, tout roman de SF supposé décrire un avenir possible parle en fait du présent mais celui-ci est presque un modèle de la chose. À aucun moment il n’est possible d’oublier sa date d’écriture...

La réflexion sur le caractère artificiel de Webmind en est affectée. Pas besoin de test de Türing, il est presque présenté à l’envers, puisque Webmind est au départ un esprit vide, qui se remplit au fur et à mesure de l’acquisition de connaissances (comment se fait-il qu’il ne soit jamais saisi de doute sur certaines données, ou affecté par les ambigüités et les contradictions qui pullulent certainement dans les innombrables bases de données du réseau ? Le guidage opéré par Caitlin ne saurait être suffisant pour cela, quand Webmind pense à x gigaflops alors que Caitlin ne saurait multiplier les pensées simultanées). Jamais il n’essaye de se faire passer pour un humain...

Avant de conclure, il faut lire le troisième volume. Mais ne négligeons pas le plaisir de cette histoire de la découverte de notre monde par un esprit sans a priori...

Veille de Robert J Sawyer, traduit par Patrick Dusoulier, Ailleurs et demain, 2010, 398 p., 21€, ISBN 9-782221-116876